Plus grossier, tumeur !

Ce film Marvel reflète parfaitement la stratégie de com, que dis-je, le bombardement publicitaire qu'ont subi les spectateurs qui attendaient sa sortie: depuis des mois l'on vantait un film révolutionnaire, à l'humour ravageur, anti-conformiste et violent à souhait. En ce qui concerne le dernier point, je suis totalement d'accord. Concernant l'humour, je le qualifierais plutôt de graveleux, parfois trop grossier (on a compris, il s'agit d'un héros pas très conforme aux valeurs prudes d'un spiderman, ok, on a pigé, de là à mettre du cul dans chaque phrase...). L'anticonformisme, qui se veut omniprésent, y compris dans la stratégie narrative (nombreuses apostrophes du personnage aux spectateurs que nous sommes... un peu trop d'ailleurs... une fois c'est pas mal déjà), devient parfois trop lourd pour que l'on soit pleinement conquis. En fait, tout, dans le film, aurait pu, à plus petite dose, révolutionner le cinéma de genre, ou en tout cas, le secouer un peu, mais... des blagues de cul à foison aux quantités pléthoriques de ralentis (avec le clin d'oeil forcé du héros aux spectateurs), le film tourne vite à la recherche de performance, ou, pire, s'évertue à rappeler au public: "hé, regardez, ce film n'est pas comme les autres!".

La force du film, en revanche, dépasse sa propre histoire, qui explore de façon intéressante les origines du parcours de ce personnage, atteint d'un cancer grave. Anti-héros, certes, mais moderne, confronté au tragique de son existence, à un des maux de notre siècle. Là est le combat le plus épique, le plus humain aussi, et le plus admirable. Si l'on revient aux teasers qui ont forgé le mythe avant même la sortie du film, l'un d'entre eux présentait notre cher Deadpool dans sa salle de bain, enseignant, dans un lexique qu'on lui reconnaît (fleuri), comment repérer une anomalie sur nos parties intimes, en prenant notre douche. Geste simple, mais popularisé, si l'on en croit quelques études, grâce à cette campagne. La fiction au service d'une cause bien réelle, voilà qui fait de ce deadpool, en dépit des grossières ficelles narratives (souvent les mêmes, chez Marvel), un véritable héros.

La suite devrait être plus palpitante, si les studios Marvel évitent l'autopromotion où des héros X-Men (peu charismatiques, d'ailleurs) finissent par intégrer l'histoire. Le personnage mérite un traitement plus complexe.