Que tout le monde garde son calme

Bien parti pour exploser les records de la franchise X-Men en terme de box-office, Deadpool semble également jouir, ici comme ailleurs, d'un enthousiasme critique quasi-unanime, d'un emballement concerté des fans comme des néophytes, et même d'une approbation critique (c'est-à-dire de la presse) qui vont sans doute donner à réfléchir aux studios dans le futur quand à la rentabilité de divertissements gore tel que celui-ci (ce qui est une bonne chose, par ailleurs - faisons fi du PG13).

Pour autant, il me semble qu'il s'agirait de se calmer et de garder la tête froide. Car, oui, Deadpool évoquait jusqu'alors l'ignoble adaptation de X-Men Origins : Wolverine, et il s'agissait de se faire pardonner. Ce que Ryan Reynolds a clairement fait ici : Deadpool version 2016 s'avère être ce qu'il se devait d'être, avec sa dose de têtes tranchées, de blagues de cul, d'humour méta et de quatrièmes murs brisés avec la subtilité d'un tractopelle.
Mais c'est peut-être là le problème : les gens semblent être tellement heureux de ne pas avoir été déçus - que dis-je, trahis - une seconde fois qu'ils en deviennent aveugles à un fait pourtant assez flagrant : Deadpool est bon, mais moyen.

On ne va pas revenir sur toutes ses qualités (son générique d'entrée, excellent - qui est la blague la plus drôle du film par ailleurs, ce qui soulève quand même des questions) qui ont été énumérés de manière totalement exhaustives un peu partout, mais plutôt sur ses défauts. Et nom d'un Colossus en numérique mal-fait, ils sont nombreux ! Des side-kicks X-Men d'une inutilité confondante (juste là pour rappeler qui a les droits de quoi), un méchant en carton pâte, un scénario ultra-basique et peu inspirant... Il me semble qu'on pouvait carrément mieux faire. Osez me dire que le scénario de Deadpool est plus développé que celui d'Ant-man.. Non, c'est le même schéma vu et revu, et les deux films Marvel sont sauvés l'un comme l'autre par leur humour, et le talent de leur acteur principal (respectivement, Paul Rudd et Ryan Reynolds, qui visiblement s'amusent dans leurs rôles et rendent ce plaisir communicatif).

Avec un budget resserré - comparativement à ses collègues Avengers ou mutants - Deadpool était l'occasion de revenir aux sources de l'action viscérale (ce qui est esquissé dans le fight sur la bretelle d'autoroute). Pourtant, Tim Miller, sans doute encore un peu frais et un peu yes man sur les bords, a opté pour de grosses scènes d'action, notamment pour l'acte final et le résultat n'y est clairement pas. La scène finale et la base du méchant en numérique font ironiquement écho au combat du X-Men Origins sur la centrale (de mémoire) entre le """Deadpool""" immonde de l'époque et Hugh Jackman & Liev Schrieber.. Bref, c'est moche, et ce sont des références non-voulues qu'on préférerait éviter.

On me trouvera sans doute un peu dur, mais ne me faîtes pas dire ce que je n'ai pas dit : Deadpool reste vraiment sympathique, un film qu'on ne rechignera pas à revoir à l'occasion (comme Ant-Man, quoi) et qui offre son lot de plaisirs métas et de blagues concons qui font bien rire..
Un peu comme si un fan avait écrit le cahier des charges et l'avait appliqué... Oh wait, Deadpool serait-il un film finalement conformiste et calibré ? Perso, j'attends qu'une suite me prouve le contraire.