"WHAM!"

Deadpool, film très attendu en ce début d'année (la faute à une campagne publicitaire présentant un film un peu "hors des sentiers battus") n'a pas manqué de déchainer les passions. Annoncé par certains comme une véritable révolution dans le film de super héros, Wade Wilson méritait bien qu'on fasse un petit tour dans son univers.

Déjà présenté dans X-Men Origins : Wolverine, Deadpool est un héros immortel aux caractéristiques singulières : C'est le seul héros de l'univers Marvel à avoir conscience de sa nature de personnage de BD, ce qui le pousse à rompre souvent le 4ème mur. De plus, il possède un super pouvoir unique : un sens de l'humour assez particulier, trash et décapant. C'est en tout cas ce qui a fait le succès du personnage dans les comics-books, et il y avait longtemps que certains quémandaient un long-métrage le concernant.

Le film ne cherche pas à faire dans la finesse. Agitant sans cesse sa banderole "C'est Deadpool, toute manière on fait c'qu'on veut !", le film enchaîne références culturels et blagues très très très borderline. Amis du bon goût, du politiquement correct, et de l'humour bien recherché, ce film ne vous est pas adressé. La première heure parvient à entretenir un intérêt certain pour le film, grâce à une narration plutôt atypique : on navigue dans deux temporalités différentes, qui présentent deux facettes bien distinctes du personnage, avant de se rejoindre pour le grand final. La plupart des gags de cette partie sont plutôt réussis, et parviennent à connecter plusieurs ficelles de l'univers des super héros entre elles, tout en maintenant une dose maximale d'autodérision, envoyant quelques baffes aux précédentes apparitions de Ryan Reynolds en super héros (et à quelques autres franchises au passage). Les références sont riches, variées, et plutôt bien introduites étant donné que Deadpool est conscient de sa nature de personnage de récit, ce qui lui donne une certaine omniscience vis à vis de son univers. Bref, tout ceci participe à vous faire passer un bon moment pourvu que vous ayez toutes les cartes en mains à la base.

C'est là qu'on voit tout de suite les limites du film. Se reposant essentiellement sur son personnage, Deadpool n'a pas grand chose de plus à proposer. Toutes les scènes de ce film ont été vus et revus, et la seule plus valu véritable du film de Tim Miller est ce diable rouge qui se permet d'arrêter les séquences quand il le souhaite, et qui joue avec les codes du film de héros. Prenant parfois des allures parodiques, le film enchaîne beaucoup trop de bouffonneries, comme pour essayer de trouver une certaine légitimité auprès des fans de la première heure, qui s'attendent quelque part à voir ce personnage sale et drôle enchaîner les vannes et autres gags.

De toute évidence, Deadpool n'est pas la bombe qui était annoncée. Proposer une formule "vannes à volonté sans aucun respect" ne suffit pas à faire un film à part. Deadpool, c'est avant tout un bon divertissement, misant sur de la répartie jouissive (pourvu qu'on y soit réceptif), de l'auto-dérision, une bonne dose d'action plutôt bien foutue, et un personnage qui ne se prend pas du tout au sérieux. Reste à voir si les suites arriveront à se dédouaner de cet esprit très "simpliste" consistant à filmer Deadpool faire le clown durant toute la durée du long-métrage, oubliant au passage de développer tout le reste.