Dear White People raconte l'histoire de 4 jeunes étudiants dans un campus chic Américain mêlant toutes les ethnies "bobos" capables d'assumer les coups financiers et le mode de vie d'une pré-aristocratique, se préparant à intégrer l'élite de la société dès la fin de leurs études. Le film se penche sur le clivage instauré entre les blancs et les noirs notamment. A travers quatre personnages, quatre noirs, on voit comment les minorités en majorité tentent à leurs manières de s'intégrer dans la vie de l'université dominée par les blancs.


DWP s'inscrit comme le premier film du réalisateur Justin Simien. C'est donc avec intrigue qu'on découvre les premiers pas d'un nouveau réalisateur qui commence sa carrière par une comédie satirique sur le traitement des noirs dans la société ce qui n'est pas une mince affaire. Quand on commence le film, ce qui saute aux yeux ce sont deux choses :


Les lumières chaudes, couleurs jaunâtres et orangées dominantes qui donnent au film un effet de fin d'après midi, chaleureux, atmosphère tranquille et décontracté


Le rythme lent du film, laissant le temps d'introduire ses protagonistes et son histoire qui semble confuse au début. On entre dans cette université et on découvre un monde qu'il faut cerner, des habitudes et des coutumes qu'il faut comprendre et assimiler pour pouvoir saisir tout les mécanismes du fonctionnement de cette école. Ce rythme va cependant s'étirer tout au long du film et va apparaître comme une première empreinte du réalisateur. On a du mal au début à cerner ce faux rythme constant. Cependant, c'est bien celui ci qui permet d'apprécier une photographie très épurée et des portraits de personnages travaillés à souhaits. Tout comme l'histoire, on cerne petit à petit le caractère propre de chaques personnages, tous différents.


Il faut dire que c'est compliqué de comprendre la situation des noirs dans cette école. Ils ont les mêmes droits que les blancs mais pourtant on sent très bien qu'ils sont inférieurs, comme muselés par des chaines invisibles, constant cliché des noirs dominés par les blancs pionniers d'un pays qui a du mal à accepter d'évoluer. Une tension s'installe entre les deux groupes.


On assiste donc a des catégories de noirs différents qui se battent pour obtenir des droits différents:
Les noirs "racistes" , ayants une profonde aversion envers les blancs qu'ils considèrent comme des salauds se permettant tout et n'importe quoi, perpétuant l'esclavage, camouflé derrière une discrimination positive et un faux respect qui ne sert qu'a obtenir une bonne image de soi.


Le noir pommé qui ne sait pas ou se mettre, il n'a pas forcément de camps car il ne sait pas comment se faire des amis.


Les noirs " soumis" qui font preuve d'une auto flagellation quotidienne pour intégrer une pseudo élite caractérisé par les blancs.


Bref, tout ça pour dire qu'on a un portrait contrasté, cette école devient l'allégorie du combat et de la relation Noir-Blanc aux USA, microcosme qui permet d'identifier les maux dont souffre ce pays.


Il faut prendre la peine de comprendre cela pour ensuite voir que derrière cette guerre des gangs, se cache des personnages émouvants et différents qui cherchent tous a se faire une place. A base de relations complexes, chacun cherche à trouver une sorte de balance qui permet de s'adapter a la situation. Sam, Lionel, Kurt, Coco,Troy ils ont tous des rôles différents dans cette école, cherchent tous à s'imposer et à faire valoir ce qu'ils sont et ce qu'ils veulent devenir.


C'est ce tableau complexe avec cette ironie qui fait que ce film, par son style original, et ses personnages, créer une ambiance légère qui néanmoins, reflète des problèmes sérieux. Cet apostrophe " vous les blancs, nous les noirs " ne cherche qu'à montrer que le mariage entre les deux ethnies,qui ont tant de mal a coexister, surtout dans ce pays, doit encore faire ses preuves. Ce n'est pas parce que nous avons la bague au doigt qu'il faut cesser de faire des efforts. Ces jeunes sont le futur d'une nation encore meurtris par le passé douloureux d'une haine inexplicable.


Morale d'une maladie sans cause ni raison, ce film ne juge pas mais il constate. Beaucoup ont pu être rebuté par ce style lent et cette lumière chaude qui rend cette atmosphère particulière mais j'ai vu dans ce film une profonde envie de montrer que les choses peuvent et doivent changer.


J'entrevois en ce réalisateur la promesse de nombreuses idées formidables, car il a laissé suffisamment de miettes pour espérer trouver au bout de fabuleux trésors.

Félix_Leloup
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le 9 août 2015

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Félix  Leloup

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