Death Note
3.5
Death Note

Film de Adam Wingard (2017)

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Si l’ambition était de reprendre le principe du death note en l’adaptant à un nouvel univers et de nouveaux personnages, alors pourquoi s’embêter à reprendre les prénoms et certains traits de caractère de l’histoire originale?
Il aurait été bien plus facile pour les personnes connaissant déjà la base de s’intéresser à un nouvel arc si celui-ci avait été totalement inédit.
On aurait alors compris qu’il ne fallait pas attendre des personnages qu’ils arrivent à la cheville de ceux du manga et on aurait même pu les aimer, qui sait?


Au lieu de ça on nous offre une pâle copie de Death Note, dont la seule audace est d’avoir transposé l’histoire aux Etats Unis et d’avoir donné à L un physique radicalement différent de l’original.


super.


Même un néophyte aura du mal à s’attacher à quoi que ce soit dans ce mauvais métrage.
Oui parce que même sans avoir la référence de base, il semble difficile d’apprécier un film qui ne fait pas d’effort: héros sans charisme, explications inexistantes ou mauvaises, et surtout incohérence de certaines scènes où les personnages changes d’avis plus vite que de chemise.


Les seuls éléments intéressants viennent de ce qui a été conservé de la trame originale: un ado trouve un “death note”, un cahier qui lui permet de tuer n’importe à la force d’un stylo: il suffit de noter le nom de la personne sur le cahier pour qu’elle meure.


Là où le manga était le succulent, c’était sur la confrontation entre L et Light (ou Raito selon les traductions).
Les deux jeunes étaient brillants, et on avait le sentiment d'assister à une partie d’échec géante à chaque nouvelle confrontation, c’était palpitant.
On aimait ces deux être atypiques sans pour autant pouvoir s’identifier à l’un ou à l’autre, ils étaient au dessus du lot, excessifs chacun à leur manière, et c’était cette rencontre au sommet qui donnait son sel à l’intrigue.
C’est cette tension et ce combat d’égos et de cerveaux qui faisait l’intérêt de l’oeuvre, qui l’a rendue si mémorable.


Ici pas la peine d’en attendre autant: Light est devenu un ado qui en pince pour la fille populaire du lycée, il est un peu plus intelligent que la normale mais pas spécialement machiavélique, et il faudra attendre les dernières minutes du film pour découvrir enfin de quoi il est capable. (et encore le “plan ultime” est lui-même un exemple de ce que le film aurait pu réussir mais n’a pas su rendre épique, pourtant c’est la seule fois où on peut se rendre compte de la capacité d’anticipation du héros, on s’en contentera donc).
Le problème c’est que l’acteur qui l'interprète a dû être casté initialement pour jour un figurant, mais certainement pas pour jouer le rôle du héros. il n’a pas révisé son guide de “comment avoir du charisme en 10 leçons”, et c’est dommage pour nous.


Face à cette moule de Light, L s’en sort un tout petit peu mieux.
Malheureusement, il ne suffit pas de faire preuve d’originalité en choisissant un L aussi black que l’original était maladivement blanc.
Par moments on croirait presque à ce personnage relooké, qui emprunte tout de même les mimiques et les positions de l’original.
Sauf que son comportement varie selon les besoins du scénario, et jamais on n’oublie qu’on voit un acteur jouer à être L. Il manque une continuité d’une scène à l’autre pour nous faire croire à quelqu’un de réel. C’est un peu gênant de ne pas croire à l’un des piliers de l’histoire.Il aurait peut être été plus simple ici aussi de lui donner d’autres caractéristiques: garder le côté autiste tout en se détachant du manga: on a l’impression que même les papiers de bonbon sur le sol sont là pour faire un clin d’oeil aux fans.


Au milieu de tout ça, la fille est presque la bonne surprise du lot: elle ne ressemble pas à son modèle mais amène son lot de rebondissements, et c’est bien la seule qui s’en sort à peu près de manière honorable et qui nous laisse penser que c’est en s’éloignant du manga que le film pouvait être meilleur. Son personnage est détestable mais semble avoir un peu de substance, et comparé aux deux autres ce n’est pas un mince exploit.


Le problème c’est que rien ne tient debout dans l’histoire et qu’on se retrouve avec deux collégiens rebelles qui font mumuse avec le cahier façon Bonnie and Clyde du pauvre, sans donner une once de crédibilité ou d’intelligence à l’intrigue.


Du coup le film déçoit ceux qui pensaient y retrouver un brin de l’excitation provoquée par le manga ou l’animé, et ne risque pas de séduire ceux qui pensent découvrir l’univers death note.


Ceci n’est pas death note.


Ceci c’est même pas un film correct, on peut tout juste lui reconnaitre la volonté de créer un univers sombre et déprimant dans lequel on comprendrait qu’un jeune homme brillant s’ennuie au point de se divertir en noircissant un cahier de la mort. L’univers était là pour justifier les agissements de Light.
Mais non en fait il le complète juste pour plaire à sa copine = déception.


Pour finir, il reste un personnage important dans le manga, présent dans le film avec le même physique et le même amour des pommes, mais curieusement vide lui aussi: Ryukk.
Certes c’est lui qui amène le cahier et force la main de Light, mais on a bien du mal à aimer ce personnage effrayant dont on préfère nous montrer le dos plutôt que la personnalité.
Même lui ils ont réussi à lui ôter toute substance.


C’est triste, mais il faut savoir regarder le positif dans tout ça: j’ai bien envie de relire les mangas.

iori
3
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le 29 août 2017

Critique lue 264 fois

iori

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