Les films catastrophes faisant partie de mes plaisirs coupables, et ceux dénonçant au passage l'avidité humaine conduisant à des décisions irresponsables étant souvent mes favoris, je m'attendais à apprécier ce film.


Mais je ne sais pas, dès le premier quart d'heure j'ai trouvé que ça sonnait faux, avec des techniciens du forage artificiellement rendus trop sympathiques (inévitable scène de comédie familiale pour le héros incarné par Marck Wallberg au début) et parfaits professionnellement pour mieux les opposer aux infâmes décideurs de BP qu'ils essayent d'alerter. Et un paquet d'informations techniques balancées pour faire vrai, mais qui noient le poisson quant à ce qui a vraiment cloché. Le tout me semblant destiné à faire passer un message assez douteux, la première partie du film semblant dire "si on laissait faire à ces grands professionnels tous les tests qu'ils demandent / leur donnait le temps et les moyens ce forage aurait été sans danger". Ce qui évite de s'interroger sur le forage à très grande profondeur en lui même, un choix qui avec ou sans précautions vient de décideurs économiques irresponsables, ce qu'a révélé l'affaire Deepwater étant surtout que ces stations étaient construites alors qu'on ne savait pas du tout traiter un accident à ces profondeurs.


Enfin évidemment ce genre de réflexion n'est pas le sujet du film, qui est plus l'aventure humaine du personnel de la plateforme lors de la catastrophe (le désastre écologique n'étant évoqué que par un bandeau à la toute toute fin), et j'eus certainement oublié ce coté si la deuxième partie, qui commence bien avec une excellente montée en tension, avait été entièrement satisfaisante.


Le problème étant qu'une fois que ça pète vraiment Peter Berg en fait trop je trouve, ou que sa caméra est trop erratique, des explosions succèdent aux explosions succèdent aux projections de boues et de choses au point qu'on en perd tout sens de la géographie de la station (à l'opposé par exemple d'un Titanic où on arrive à suivre les étapes de la catastrophe pour chaque partie du bateau). A l'arrivée on s'étonne de retrouver telle salle intacte ou tel couloir encore praticable quand la succession d'images précédente semblait indiquer que tout était disloqué ou en feu. Et un peu la même chose pour les moments de bravoure succédant aux moments de bravoure sans laisser le temps aux héros d'évoluer pour se révéler (au plus il y a une classique scène "tu peux le faire" vers la fin, seul instant de psychologie/évolution de personnage de tout le film). C'est sans doute plus réaliste qu'un film course d'obstacles avec 20 scènes de ce genre, comme la Tour Infernale ou l'Aventure du Poséidon, mais ça perd en intérêt autre que le pur spectaculaire, les personnages étant réduits à des corps courant en tout sens, tournant des manivelles ou grimpant des échelles en se criant "ça va sauter" ou "tu n'as pas vu machin ?".


Enfin en résumé pas un mauvais film d'action, avec un zeste d'explication de la catastrophe en prime, mais loin des meilleurs du genre catastrophe.

Antonio-Palumbof
5

Créée

le 9 déc. 2017

Critique lue 189 fois

Critique lue 189 fois

D'autres avis sur Deepwater

Deepwater
SNOUPS4
10

Réaliste, pour une fois

En tant que professionnel, j'ai trouvé que le film dépeint assez fidèlement l'industrie moderne du pétrole, dans sa phase de forage, en tout cas pour l'offshore. Pour une fois que les dizaines...

le 6 mars 2023

25 j'aime

3

Deepwater
LeTigre
8

Une poche de gaz ! Mon cul !

Deepwater est un très bon film de genre catastrophe, tout nouveau et qui est loin d’être un simple et anodin copié-collé des films catégorisés dans le même genre sortis auparavant. Le long-métrage...

le 24 sept. 2018

20 j'aime

7

Deepwater
GigaHeartz
6

"Tu veux un cookie Bob ?"

Qu'on se le dise, Deepwater n'est pas le blockbuster qui mettra tout le monde d'accord comme l'a pu être un Fury Road dernièrement, mais je pense que les amateurs du genre seront ravis de se mettre...

le 16 oct. 2016

16 j'aime

Du même critique

Little Big Man
Antonio-Palumbof
10

Il était x fois dans l'ouest

Il était blanc et il était indien. Il était grand et petit. Un honnête homme et un escroc vendeur de potions miracles. Un bigot évangéliste et un homme à femmes. Un petit entrepreneur ne rêvant que...

le 11 déc. 2017

8 j'aime

3

Riens du tout
Antonio-Palumbof
8

Il y a des films comme ça

Qui n'ont l'air de ... rien de tout, sont sans aucune prétention, apparaissent comme une comédie de mœurs comme il y en a mille, en plus par un réalisateur qu'on trouve plutôt médiocre (à part Le...

le 26 nov. 2017

7 j'aime

Snowfall
Antonio-Palumbof
7

Si vous n'en avez pas marre des histoires de dealers...

... vous ne pouvez qu'adorer cette série sur l'arrivée du crack à L.A. Snowfall c'est un peu Traffic de Soderbergh rencontre Breaking Bad rencontre The Wire rencontre les films de Scorcese rencontre...

le 25 nov. 2017

6 j'aime

5