On retrouve ici les enjeux de l'ingénierie d'aujourd'hui :
* Le climat de camaraderie masculine, avec les discussion sur les moteurs, les boutades viriles et les tentatives d'intimidation. Les insultes du représentant du « client » (BP) à l'encontre du chef d'équipe, qu'il juge « trop mou » ou « sans couilles », alors qu'il ne fait que respecter la procédure de test et fait régner la prudence légitime, est typique de ce que l'on peut régulièrement entendre dans ce milieu.
* La liste bien trop longue des petits sujets de maintenance : l'ingénierie à budget serré fait l'impasse sur de très nombreuses marges de fonctionnement (secondaires), qui conduit à de nombreuses défaillances en opération du système, qui conduisent à une maîtrise imparfaite de l'infrastructure et du procédé.
* La pression du rendement économique et les budgets serrés conduisent à une ingénierie pingre, minimale, et faisant l'impasse sur les marges de fonctionnement ou sur certaines marges de sécurité sont fréquentes. L'emportement au bout de plusieurs dizaines de jours de retards et parfois difficile à maîtriser, d'autant plus dans ces projets fragilisés par leur gigantisme ou la limite des moyens.
* Les projets gigantesques qui dépassent l'entendement humain, et donc qui requièrent une coordination (un partage de responsabilités) et une transmission d'informations impecable.
* La scène de l'hélicoptère au début, même si elle semble très théâtralisée (ou cinematisée) est typique des problèmes de communication récurrents (problèmes de connexions à la visioconférence, arrivée en retard à une réunion, rapport d'un sous-traitant non-transmis, etc.) qui peuvent conduire à la non transmission d'une information pourtant capitale.
* La dispute dans la salle de contrôle révèle la parcélisation des contributions et des responsabilités. Les projets gigantesques sont réalisés de concert par un grand nombre d'entreprises spécialisées, aux savoir-faire et enjeux très différents, ce qui explique que les décisions peuvent être longuement débattues. Il est d'ailleurs parfois très délicat de débattre avec le « client », qui même s'il a tort « a toujours raison » parce qu'il paie. Plus encore, les scènes de l'hélicoptère et de l'appui sur le bouton d'arrêt d'urgence quand tout a déjà bien explosé font référence au complexe partage des responsabilités, un enjeu fort de l'ingénierie d'infrastructures d'aujourd'hui. A ce partage complexe répond une transmission parfois aléatoire des informations, et surtout des comportements parfois inattendus vis-à-vis de la responsabilité. Même si l'infrasturcture et les équipes sont déjà en grave danger, le chef d'équipe préfère ne pas appuyer sur le bouton « Stop » car cela ne relève pas de sa responsabilité.