Dès l’introduction on s’aperçoit que Mathilde et sa mère ne sont pas dans le même monde. La petite fille de neuf ans à le rôle de l’adulte, et inversement. En effet malgré son jeune âge elle est dotée d’une incroyable maturité. Elle s’occupe de la maison et de sa maman qui a des moments de démence. On suit ses actions et déplacements, on la regarde aller à l’école, attendre sa mère qui ne revient pas… Suivre le point de vue de l’enfant permet de nous toucher et de nous impliquer dans cette histoire. En tant que spectateur, on est seulement passif et on aimerait aider cette petite fille qui fait face à un mur.
Le film est nimbé par le thème de la folie, caractérisée dans celle de la mère, incapable de s’occuper comme il faudrait de sa progéniture et qui erre sans savoir où aller. On retrouve également le thème avec la chouette, sorte d’animal spirituel de Mathilde, qui la conseille dans ses choix et qui serait sa conscience. En tout cas il se dégage une atmosphère particulière de ce long-métrage, construit comme un conte. D’ailleurs certains passages sont fantasmagoriques (l’histoire que raconte la petite à sa mère par exemple), voire presque anxiogènes.
L’équilibre du début balançant entre légèreté et inquiétude penche inévitablement vers la souffrance à mesure que la folie prend le pas sur le reste. On assiste à des scènes surréalistes, notamment quand la mère est soudainement persuadée qu’elle et sa fille doivent impérativement déménager et qu’elle a préparé leurs affaires en moins d’une heure, si bien qu’elles arrivent chez des inconnus qui n’ont aucune idée de ce qu’il se passe. On se rend soudainement compte, en même temps que Mathilde, que désormais il n’y a plus de retour en arrière possible. Que rien ne va aller en s’arrangeant.


Cette rupture est magnifiquement illustrée par le jeu des acteurs principaux. Luce Rodriguez tout d’abord, dont la précocité est brillamment interprétée. Puis Noémie Lvovsky, actrice-réalisatrice qui arrive à transmettre très justement les démons intérieurs de son personnage. Mathieu Amalric, plus en retrait, incarne un homme doux et dévoué envers sa fille. Et c’est ce trio d’acteurs qui porte le film à bout de bras.
Si Demain et tous les autres jours reste plutôt sobre dans sa mise en scène et ses dialogues, l’extravagance de ses personnages offre un final où culmine en une danse folle l’amour mère-fille retrouvé. Au final, Mathilde reste l’enfant qui a adoré ses parents, peu importe les épreuves.

Flo-S
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le 29 sept. 2017

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