Tu honoreras ton beau-père et ta mère, ou pas

Téléfilm sorti en 1990, Démons intérieurs aborde le sujet alors mal connu du trouble dissociatif de l'identité, à l'époque appelé trouble de la personnalité multiple.
Il s'agit de l'adaptation du récit de Truddi Chase, victime de divers abus durant son enfance, qui se découvrit 92 personnalités (qu'elle nomma "la troupe") et entama une thérapie dans le but de comprendre et reprendre en main sa vie.


A première vue, le film semble trop en révéler dès le départ tandis que la mise en scène manque de subtilité. Mais, une fois qu'il s'est avéré que l'on ne nous a montré que ce qu'on a bien voulu nous montré jusque là, et que ce qu'on prennait pour une personnalité parmi d'autres n'en est en définitive pas une, les choses deviennent un peu plus attrayantes.
Ce qui ne joue pas en faveur du film au départ, c'est aussi cette insistance sur le personnage cent fois revu au cinéma de femme insupportable, tandis que le mari est sensé incarner la raison. C'est dommage; d'une part parce qu'il y avait quand même la possibilité de choisir parmi 92 personnalités, et d'autre part parce que ce schéma vient parasiter celui, beaucoup plus intéressant, des quiproquos entre l'enfant (ou le gardien des traumas) et le mari bien intentionné mais complétement pris dans le surmoi d'une époque.


La partie la plus intéressante sera évidemment celle de la prise de conscience, lorsque les relations avec l'entourage touchent à leurs extrêmes limites, et la rencontre avec le thérapeute. On peut dire que presque tout l'intérêt du film tient d'ailleurs dans cette prise de conscience du TDI (trouble dissociatif de l'identité, anciennement de la personnalité multiple), bien rendue à l'écran, et le travail de remémoration des souvenirs ainsi que de leurs appartenances (puisque chaque personnalité en détient un certain nombre). C'est aussi là que l'on trouve les meilleures performances d'acteur.
Le plus, c'est l'importance des barrières de communication imposées par près de deux mille ans de formatage du cortex orbitofrontal en matière de manières et de morales, qui obstrue le développement personnel et le déroulement d'une meilleure entente avec ses proches, ceci influant dans le cas de Truddi Chase la forme de la perpétuation de la violence. Il est dommage, par ailleurs, que la manifestation que cela prend chez le personnage principal ne soit que brièvement abordé dans le rapport mère/fille, et pas plus à travers l'exploration, par exemple, de la personnalité Soeur Mary ou encore Lady Catherine.


Quoi qu'il en soit, Démons intérieurs est un film à voir pour le cas réel qu'il traite, et l'issue différente des autres films du genre.
La mise en scène sans grand éclat étant compensée par une narration intriguante, une fois prise dans son ensemble, et une interprétation qui vient s'embellir avec les nouveaux enjeux du récit.

Greenbat85
7
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le 5 juin 2021

Critique lue 83 fois

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