Un drame langoureux et contemplatif un peu long mais donc la beauté picturale emporte le morceau.

« Departure » est sans conteste un film merveilleux à regarder, d’une beauté picturale incontestable; qui dira le contraire sera taxé de n’avoir aucun goût. Et surtout c’est un premier film, on louera donc d’autant plus la maîtrise visuelle d’Andrew Steggall qui soigne ses images et ses plans comme personne. Cette chronique automnale est bercée d’une douce lumière et un soin tout particulier est apporté à la construction de chaque scène, de chaque plan. Le choix d’un joli village du sud-ouest et d’une maison de vacances en passe d’être vendue n’est pas étranger à la magnificence des images. Mais pour aboutir à un résultat formellement si abouti, il est logique d’y mettre le décorum adéquat. Et son film est si beau à regarder, emballée par de belles mélodies classiques appropriées, qu’il en devient envoûtant sans pour autant tomber dans le film d’atmosphère.


Néanmoins, cette qualité plastique est à la limite de porter préjudice à l’œuvre… Et sa qualité principale d’en devenir presque le défaut. En effet, on a parfois l’impression que Steggall se regarde filmer et en oublie de couper, trop fier de tous les plans qu’il a capturé. Un petit quart d’heure de moins n’aurait donc pas été de trop, certaines séquences s’étirant légèrement pour rien et certaines scènes s’avérant inutiles. Mais dans l’ensemble, « Departure » parvient à s’extraire du constat du film poseur, juste pourrait-on le qualifier de contemplatif et naturaliste mais dans le bon sens du terme. L’aspect autobiographique se ressent fortement et on ne peut reprocher à l’auteur de vouloir retranscrire certaines sensations éprouvées lors de son adolescence dans leur intégralité.


Le long-métrage suit deux personnages. Le jeune anglais Elliott d’abord et son éveil sexuel face à un adolescent français du cru et sa mère en proie à une vie de couple difficile et au bord du divorce. Tous deux sont venus vider la maison de villégiature en France avant sa vente et leur retour en Grande-Bretagne. Il y a un certain déséquilibre entre les deux parties, le cinéaste étant logiquement beaucoup plus à l’aise avec le premier personnage que le second, quand bien même tout cela se marie à merveille à l’écran. Et si on tombe parfois dans un symbolisme et des métaphores appuyés, « Departure » n’en demeure pas moins un beau drame et un joli récit d’initiation, dont les contours formels masquent sans peine l’émotion qui peine parfois à éclore. Pour un premier film, l’indulgence est de mise et les qualités du film sont bien supérieures à ses nombreux petits défauts.

JorikVesperhaven
7

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le 2 juin 2017

Critique lue 649 fois

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Rémy Fiers

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