Les dents de la mère

Ce thriller d'exploitation allemand dépasse mes attentes, à plus d'un titre. D'abord, parce que le titre du film et l'affiche ne présageaient pas grand chose de bon. Ensuite- et j'ai bien vu les nombreuses critiques, mais c'est le fruit d'une mauvaise interprétation- , parce qu'il s'agit d'une satire. Sur les relations sociales, sur les films de genre, avec des personnages plus caricaturaux les uns que les autres: où la vulgarité côtoie la niaiserie. Enfin, parce que cette satire va puiser dans les ressorts classiques du film d'horreur, dans tout ce qu'il a d'efficace, pour proposer un projet plutôt honnête, à partir de très peu: des potes qui se retrouvent tous à la flotte, alors que l'échelle du bateau n'a pas été descendue. Le scénario est aussi mince que le fil du string de la greluche de service, et pourtant, je n'ai pas eu envie de me barrer, ni d'accélérer la vidéo. Les musiques, au passage, jouent un rôle fondamental: elles sont efficaces, maintiennent en haleine, sans en faire des tonnes, comme on pourrait s'y attendre. Le film joue alors sur les peurs, et les attentes: les fausses joies de l'attaque du requin qui n'arrive jamais, les morts stupides (je rappelle que c'est une satire) et le pauvre bébé qui a envie de bouffer. Les plans larges montrant sous toutes ses formes la solitude des personnages, succèdent aux morts connes, dont on rit et souffre un peu (malgré leur connerie). Le côté huis-clos dans l'immensité de l'océan a son efficacité, quoiqu'on en dise. Alors, oui, c'est con, mais c'est à la fois drôle et flippant, et pas trop mal filmé. Si on peut regretter une fin bâclée, l'ensemble reste bien au-dessus du film de genre maritime, où les requins sont l'un des seuls ressorts narratifs ;)