All aboard the train to feel-a-delphia? Peut être pas...

Depuis plus d’une quinzaine d’années, la Corée du Sud nous assène année après année une nouvelle bombe.
Que ce soit The Chaser, I Saw The Devil, à The Host en passant par le Transperceneige, le cinéma de genre Coréen tient la dragée haute à son équivalent Américain.


Habitué des films d’animation (son Seoul Station sert de bon prequel à ce Train To Busan), Sang-Ho Yeon livre ici son premier film live, avec pour ambition assumée ou non de nous venger de la purge de Marc Forster.


Le postulat de départ est simple, tandis que l’apocalypse Zombie se déchaine dehors, un père tente de protéger sa fille coute que coute dans un bullet train à destination de Busan, dernier rempart à cette vague de transformation causée par une fuite radioactive.


La plus grande qualité de ce Train to Busan réside dans la simplicité de son propos. Recyclant les codes du genre avec brio, Sang-Ho Yeon, également scénariste nous livre une galerie de personnages typiques du genre, que ce soit le patron tête à claque, l’homme fort, la mamie sympathique ou la wild card dont on ne sait jamais quelle sera la réaction.


Et tandis que le train avance vers sa destination finale et que la tension s’installe que ce soit à cause de la horde d’infectés ayant envahi les wagons, ou par les survivants paranoïaques, les comportements changent, et les véritables personnalités ressortent.


Il est très intéressant de voir une représentation de la culture ultra-polie et éduquée Coréenne la réaction à une situation de crise. Les personnages s’enfuient en ligne ordonnée lors de la première séquence de descente du train, le conducteur reste toujours courtois au micro, les gens s’excusent après les bousculades. Il ne s’agit en rien d’un ressort comique (il n’y en a aucun), mais simplement d’un constat de la différence sociologique entre la culture occidentale et Asiatique.


Malgré cette politesse de facade, l’individualité prime, même chez le personnage principal qui n’hésite pas à reprendre sa fille après qu’elle cède sa place à une femme âgée suite à la première séquence d’action, lui rappelant qu’elle n’a pas à être gentille, mais s’occuper d’elle même avant tout.


En parlant d’action, ce Train to Busan offre un bon lot de scènes tendues comme un slip, que ce soit la première tentative de descendre du train, la séquence de sauvetage ou encore le climax final digne d’une bonne itération de World War Z.


Kudos à la mise en scène lisible en toute circonstances, ainsi que certaines bonnes idées que ce soit au niveau de la gestion de l’espace dans une configuration aussi limitée qu’un train en marche.
L’interprétation de la plupart des infectés n’est pas en reste, crédibles, désarticulés, et en nombre, le manque de gore à l’écran est aisément compensé par cette constante impression de danger qu’ils dégagent.
Cependant, bien que le scénario tente de nous livrer une nouvelle interprétation des infectés soit louable, nombreux détails choquent. Tombant littéralement du ciel pour se relever aussi sec, mais abattables d’un simple coup de poing ou d’une nuque brisée, à l’ouîe ultra développée mais incapables de localiser les survivants avec une simple feuille de journal sur une fenêtre, ces incohérences viennent entacher le plaisir de cette bobine fortement recommandable.


Et la ou le bas blesse, c’est certainement au niveau des émotions. En tentant de nous emmener à bord de ce Train to Feel-a-delphia, Sang-Ho Yeon nous plonge bien souvent en plein pathos, dans cette tentative de rédemption d’un mauvais père, ou un monologue qui n’a aucun sens avant un suicide, et l’espèce de flash-back tout de blanc vêtu d’un personnage principal avant sa dernière heure, digne d’un mauvais soap, accompagné par une musique lourde au possible…


Reste un film catastrophe de qualité, bien que 20 minutes trop long, mais tout de même 100 coudées au dessus de ses homologues américains.

DavidTalon
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le 28 sept. 2016

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David Talon

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