Dernier Train pour Busan est sorti au cours de l'été, période très peu propice me concernant pour aller au cinéma. Je n'ai pas entendu parler du film au moment de sa sortie, c'est un peu plus tard qu'il a commencé à attirer mon attention avec le bouche-à-oreille. J'ai eu beaucoup de chance que ma salle de cinéma favorite utilise Halloween comme prétexte pour repasser le film.
On n'avait besoin d'aucune preuve de la vitalité du cinéma coréen, mais puisqu'elle est là cette vitalité, voilà encore un film coréen qui fait parler de lui. Tant mieux !


Voilà donc un bon gros film de zombies qui se déroule dans un train, avec un père qui ne s'occupe pas assez de sa fille. Entre Shaun of the dead et Snowpiercer ? Je ne sais pas, mais sans doute le meilleur film de zombies depuis le premier et le meilleur film de train depuis le second.
Un des meilleurs moments de Dernier train pour Busan renvoie d'ailleurs au principe appliqué dans Snowpiercer, soit un groupe qui avance de wagon en wagon, prêt à en découdre à chaque fois : je parle bien sûr de la séquence merveilleuse où les personnages, voiture 9, doivent se rendre jusqu'à la voiture 15, tout en cherchant des gens voiture 13, et alors que toutes ces voitures sont remplies de zombies prêts à les contaminer.
Le film est très bien fait : les zombies sont super cool, les idées très bien traitées, les personnages excellents (notamment le compagnon de la femme enceinte), c'est très bien rythmé, les scènes d'acton sont ouf… Il y a évidemment un côté "attraction foraine" (dans le sens où on traverse des sensations fortes) dans le récit d'un groupe qui cherche à survivre, enfermés dans un train rempli de zombies. Mais, alors que c'est déjà pas mal, d'autres aspects du film m'ont fait l'aimer beaucoup.


Je me demande si l'invasion de zombies n'est pas un prétexte pour étudier le comportement des uns et des autres, ce qui serait le vrai coeur du film. Ainsi, le personnage principal explique à sa fille qu'au vu des événements, il faut agir "chacun pour soi", qu'elle n'était pas obligée de céder sa place assise à quelqu'un d'autre. Egalement au début, il referme la porte d'un wagon alors qu'il reste des gens qui cherchent à fuir les zombies.
C'est un héros du capitalisme (il est d'ailleurs business-man puisqu'il s'occupe de gérer des actions), un système politique dans lequel nous vivons et qui fait que chacun fait passer son intérêt personnel avant celui des autres : la société nous y encourage. On dit souvent de notre époque qu'elle est individualiste. Ce n'est pas un système idéal pour améliorer les choses en situation critique, comme actuellement avec la disparition des espèces vivantes et le réchauffement climatique. On en arrive à un stade où la "pauvrophobie" devient un phénomène réel, où des milliers de personnes, fuyant les guerres, se noient en méditerranée, et où les survivants sont mal accueillis et rejetés par une partie de la population.


Il me semble que le film, volontairement ou non, embrasse ces thèmes très contemporains. Comment réagissent les gens face à ces problèmes qui les atteignent ? Une majorité de personnages privilégie l'entraide et la solidarité pour faire face. Le héros lui-même voit son comportement évoluer au cours du film. Mais un autre business-man pense comme lui, sans évoluer : alors qu'il pourrait choisir l'entraide et la coopération, il lutte exclusivement pour sa survie propre et influence le groupe pour aller dans son intérêt.
On en arrive à un déroulement où il est évident que le choix de la coopération aurait été beaucoup moins coûteux en vies humaines.
L'arrivée du groupe de héros voiture 15 me semble résonner alors incroyablement avec l'actualité. Je vois des gens poursuivis par des zombies qui se voient empêchés de rentrer à l'abri par des gens craignant qu'ils ne soient contaminés, et je pense aux réfugiés aux portes de l'Europe, poursuivis par d'autres choses et qu'on accueille également avec des portes closes.


Pourtant, le film n'a pas été produit en Europe mais en Corée du Sud, dont je ne connais guère le contexte socio-économique. On doit avoir plus de choses en commun que ce que je pouvais penser.
Je ne m'attendais pas à un film politique de la part de ce film de genre mais c'est vraiment ce que j'ai perçu.

FlorianDuchesne
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le 1 nov. 2016

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