Alors réalisateur de films d'animation thriller et catastrophes, Yeon Sang-ho décide de s'essayer au « vrai » cinéma, tout en sortant un long-métrage d'animation préquel du film, Seoul Station. Si ce dernier aura un succès très mitigé, Dernier Train pour Busan aura quant à lui une portée internationale, ainsi qu'un franc succès en France.


Dernier Train pour Busan imagine une énième apocalypse zombie, mais le savoir-faire est tel que le film devient vraiment très immersif. On sent parfois l'apport de Yeon Sang-ho et son expérience dans l'animation, notamment à travers ces zombies hyper-esthétisés, informes et brinquebalants. Tout est filmé avec nervosité, mais laisse une place à des plans parfois longs qui immergent davantage dans l'action.


Car de l'action, il y en a : le film est spectaculaire. Tant dans ses déraillements de trains que ses attaques de zombies ou encore ses scènes de combats, Dernier Train pour Busan est percutant et haletant, et même si parfois ça peut paraître exagéré (je pense aux zombies qui donnent parfois l'impression de former de véritables vagues), ça ne fait que servir l'esthétique du film et son aspect impressionnant.


Cette esthétique, associée à un scénario très rythmé et tendu, fait du Dernier Train pour Busan un film très haletant, avec énormément de suspense. Les courses-poursuites s'enchaînent, dans des environnements variés, et jamais le film ne relâche la tension. Le seul reproche que je puisse vraiment faire concerne les personnages, parfois très attachants, toujours parfaitement interprétés, mais souvent des caricatures d'eux-mêmes. Ils peuvent être justifiés par la critique sociétale qu'ils représentent, avec notamment le riche haut-placé qui écrase les autres pour s'en sortir. Mais leurs rôles sont trop arrêtés, si bien qu'on perd en émotion, à mon goût.


Certains personnages sont tellement unidirectionnels qu'on ne voit que ça, et le film ne fait pas du tout preuve de subtilité quant aux directions qu'il prend avec ses personnages. Si le personnage de Ma Dong-seok est un personnage adoré pour son courage et ses valeurs, l'antagoniste interprété par Kim Eui-sung est quant à lui une pourriture innommable, mais je pense que le film n'avait pas tant besoin de l'appuyer pour nous le prouver. Le voir sacrifier à tour de bras, c'est un peu redondant, ça n'apporte pas grand-chose si ce n'est un renforcement du mépris.


Ceci dit, comme je l'ai déjà précisé, les interprètes sont tous absolument excellents (mention spéciale à la petite Kim Soo-ahn, tendre et poignante), et l'environnement périlleux ainsi que le scénario palpitant dans lequel ils évoluent favorise grandement l'immersion, et encore plus dans de vraies conditions de cinéma. C'est sûr, Dernier Train pour Busan a, à l'instar de plusieurs de films de genre coréens tels que The Host ou Snowpiercer, des ambitions qui vont bien au-delà de la série B.

Monsieur_Cintre
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le 27 déc. 2020

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