L’hiver pointe doucement le bout de son nez : ciel gris et averses intermittentes, le temps dégueulasse est de retour. Vous ne souhaitez pas vous faire chier à braver ces conditions inhospitalières et cherchez plutôt à vous évader, à voyager, à découvrir des paysages grandioses et à suivre des aventures passionnantes ? Installez-vous confortablement, bien au chaud et lancez Dersou Ouzala.

1902, Arseniev, moustache fournie et sourire enjoué, capitaine géographe soviétique de métier part en expédition dans le grand Est Russe et ses milliers de kilomètres de Taïga. Il rencontre Dersou, vieil homme bourru, chasseur incroyable, golde aux croyances ancestrales et guide hors pair. Il lit et interprète la Taïga comme personne, déchiffre les moindres indices lui permettant de se repérer et d’identifier le danger qui guette. Pour lui la forêt à ses propres règles, qu’il faut respecter, sans quoi elle vous punira.

Les saisons défilent. Neige, glace, vent, pluie, boue, chaleur moite et étouffante, chacune d’entre elle apporte de nouvelles conditions éprouvantes et de nouveaux défis à Arseniev, sa troupe de militaires et leur guide Dersou. Entre deux aventures passionnantes, la troupe partage quelques moments de camaraderie dans leurs bivouacs improvisés et des conversations pleine de sincérité autour du feu.

Une amitié émouvante, bâtie sur un respect mutuel se lie alors entre les deux hommes. Une de ses amitiés bouleversante de simplicité, qui dépassent les gestes et les paroles. A tel point qu’Arseniev invitera un Dersou trahi par sa vision déclinante à venir vivre chez lui, à la ville. Seulement voilà, Dersou est un homme libre qui ne comprend pas pourquoi il doit passer ces journées enfermé entre quatre murs, pourquoi acheter de l’eau ou du bois, pourquoi un homme ne peut pas planter sa tente où il le souhaite. Morose, il déprime et passe son temps à fixer la cheminée.

Dersou ne peut vivre dans le monde absurde et réglementé de la ville. Dersou est un homme libre qui ne peut vivre ailleurs que dans la forêt avec laquelle il a tissé un lien quasi mystique.

Surtout, ouvrez grand vos mirettes, Dersou Ouzala est un film ridiculement beau. Le vent qui caresse les plantes et fait virevolter la neige, la pluie qui martèle les feuilles et s’écoule le long des branches, la neige qui recouvre la Taïga d’un épais matelas blanc… la magnificence de la nature est magistralement retranscrite et les plans épiques s’enchainent, enveloppés dans une image dégueulasse. Vous n’oublierez jamais ce coucher de soleil sur un lac gelé ou cette conversation au coin du feu entre Dersou et Arseniev pendant que le reste de la troupe chantonne en arrière-plan.

Dehors, le temps est toujours moins accueillant qu’une rame de métro aux heures de pointe mais vous pouvez maintenant l’affronter le cœur léger et la tête pleine de belles images.
Clode
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le 2 déc. 2014

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