Passage à l’âge adulte et souvenirs d’une jeunesse débridée

Black Jackie, ancienne brune nouvellement blonde, revient dans sa Belgique natale après 3 années passées à New-York. Elle retrouve ses vieux amis, Frederic qui s’apprête à aller vivre et travailler à Bruxelles avec sa copine, Kurt et sa femme, Blonde Jacky, une maison, un chien et un enfant et enfin le flemmard Nick et son bar. La bande se reforme. La bande replonge vers un passé et une jeunesse oubliée. La bande essaye de recréer l’ambiance d’autrefois, mais trop de choses ont changés. Une petite étincelle illuminera bien chacune de ces retrouvailles mais le feu sauvage d’autrefois s’est éteint depuis bien longtemps.


Le retour de la belle Jackie déclenche surtout une tempête incontrôlable. Un ouragan de réalités qui s’abat violemment sur chaque membres de la troupe, ballotté par des rafales de nostalgie et submergé par des émotions enfouies et refoulés depuis des années. Ils se rappellent. Sont replongés dans les souvenirs d’une jeunesse follement libre et inévitablement idéalisée qui expose leur vie actuelle à leurs rêves d’antan. Des jeunes adultes ayant passé la vingtaine, filant vers la trentaine, qui se retournent vers une jeunesse partie à jamais. Des jeunes adultes coincés dans une vie trop étroite, loin de celle qu’ils avaient rêvée. Des jeunes adultes qui foncent têtes la première vers la confrontation, avec leur passé, entre eux et contre eux-mêmes.


Rond points, alcool et mélancolie


La caméra tourne autour des personnages, capte la sincérité de tous leurs gestes, de toutes leurs paroles, de toutes leurs émotions et saisie furtivement l’environnement urbain dans lequel ils gravitent. Les mêmes rues, le même rond-point, toujours désertés, seulement peuplés des fantômes du passé. Elle prend parfois énormément de reculs pour quelques plans aériens qui inscrivent les personnages dans la grandeur désertique de cette terne ville qui semble avoir vue trop grand. Il faut quelques minutes pour se familiariser avec l’atmosphère, la réalisation et les personnages sur lesquels on ne sait pas grand chose. Puis la réalisation d’apparence très brute révèle toute sa délicatesse, sa simplicité toute sa poésie. Les situations sont justes, les scènes de lâchés prises sous alcools et musique techno sont touchantes et les thèmes jazzy du pianiste Jef Neve renforce la douce atmosphère mélancolique.


Dagen Zonder Life reflète de manière douce et sincère la façon dont tout le monde change en vieillissant, en perdant un peu de liberté en route. La façon dont on se retourne sur nos années adolescentes, en regrettant sa folie insouciante. La façon dont on aimerait parfois retourner vers le passé, pour revivre cette époque où tout était plus simple.


Mais c’est impossible. Et même si ça l’été, même si l’on pouvait rattraper le passé en se lançant à sa trousse, on ne revivrait jamais les mêmes moments, ne ressentirais jamais les mêmes sensations.


Le portrait sincère de la vie de jeunes adultes à la croisée des chemins, et les durs choix qui vont avec.

Clode
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le 30 mai 2015

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