"Des vents contraires" est un film qui immerge brillament dans le monde si secret des fragilités masculines. Avec une délicatesse et une subtilité innatendue, il révèle la violence exercée par les vents de la vie sur des hommes qui n'ont d'autres devoirs que de tenir le cap. Paul, le père au deuil impossible, s'exile aux creux du littoral avec ses deux enfants après que son épouse ait disparu sans laissé de traces. À la dérive, il se lie d'amitié avec d'autres gars perdus qui l'entraînent très vite aux limites du flux socialement convenu.


Très vite dans la narration, se construit une dualité entre les figures masculines fragile et désorientée et les figures féminines intrusives et menaçantes. Celle-ci le sont d'autant plus que le cadre social semble toujours prêt à prendre leur défense. Contre quoi ? Contre ces hommes dérivant dont l'état de victime est nié. Soupçonné d'être prédateur, le père est après tout capable d'enlever et tuer son fils. Le moniteur de violer son élève. Le mari de battre sa femme. Et c'est toute une violence inversée qui apparaît à l'image car le film fait le choix de ne pas répondre aux violences communes pour nous en révéler une toute autre. Celle des rôles sociaux sur la gente masculine.


Si quelques scènes m'ont laissé dubitative - notamment les comportements de l'élève de l'auto-école - le film reste dans l'ensemble très subtile. Il révèle un principe assez reçamment nommé qui se résume à : "Tout homme doit apprendre à vivre avec le violeur en lui". C'est à dire que,
dans la construction mentale des garçons, la relation à la femme se fait dans un dualisme bourreau-victime. Et trop souvent, les codes définissent le féminin-victime et le masculin-bourreau. Toute l'intelligence du film est d'être impregné de cette dualité tout en en nuançant la teinte.


Laissé à l'abandon de leurs sentiments, que le monde ne semble pas vouloir laisser s'exprimer, les hommes tentent de vivre à la discretion de leurs émotions. Ils se révèlent fragiles, incohérents, dignes, agars et finalement sereins. En sommes, tous ce qu'il y a de plus humains. Le jeu des acteurs en est d'autant plus mis en valeur.


Bref un film sensible dont le vent carresse l'écran comme il le ferait des pages.

Halin
7
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le 13 nov. 2018

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Haëlin

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