Un professionnalisme tout désigné

J'étais tenté tout en sachant pertinemment à quoi m'attendre. C'est un peu le problème de ces films militants s'attaquant à des sujets forts : pas grand-chose à leur reprocher sur le fond, mais jamais non plus de grandes émotions et, encore moins, donc, de surprise. Je pourrais presque m'arrêter là tant ces quelques lignes résument parfaitement le fond de ma pensée. Allez, je vais quand même faire un effort. Guantánamo, donc. La zone de non-droit absolue, s'essuyant les pieds à longueur de journée sur les moindres fondamentaux.

Un récit intéressant, surtout dans la première partie, où le bon et touche-à-tout Kevin Macdonald (on va du péplum au documentaire musical, en gros) évite globalement le manichéisme pour proposer une lecture douloureuse et engagée du sort réservé au cousin d'Oussama Ben Laden, indéniablement courageuse tant elle s'en prend aussi bien aux administrations Bush qu'Obama. Les acteurs sont évidemment bons, dont une Jodie Foster qu'on a grand plaisir à revoir et Benedict Cumberbatch dans un rôle beaucoup plus subtil qu'on ne pouvait craindre.

Dommage, quand même, que ce soit un peu long (comme presque toujours, maintenant) et assez démonstratif dans la dernière ligne droite, le réalisateur insistant inutilement pour nous faire vivre « au plus près » le calvaire subi par le héros, alors qu'au bout de deux-trois minutes maximum, on avait compris que ce n'était pas le Club Med, en partie contrebalancée par la belle plaidoirie finale. « Désigné coupable » ou l'exemple-type du bon film instructif, à défaut d'enthousiasmer.