Sujet délicat très bien abordé

Le harcèlement scolaire ou tout autre sujet délicat qui évoque la présence de victimes et de bourreaux sont très difficiles à mettre en scène. Effectivement, le réalisateur est facilement tenté de tomber dans le schéma du pathos et donc de sur-dramatiser les propos du film et les caractères des personnages. Un piège dans lequel il est donc facile de tomber dans la réalisation de ce genre de film est de chercher à tout prix la pitié et la compassion du spectateur.
Ici au contraire l'émotion de ce dernier va naître à travers la passivité. D'abord la passivité des plans; beaucoup de plans moyens loin de se focaliser sur le visage des personnages et ainsi de leur émotion. Au contraire, ils se focalisent entièrement sur les actes et leurs violence. Il y a beaucoup de hors-champs aussi. Je dois avouer qu'il m'était même à la fin du film encore difficile de dissocier les visages de certains protagonistes tellement on ne les avait vu que de profile ou de dos.
Ensuite il y a également la passivité d'Alejandra face au harcèlement dont elle fait face. Au lieu de pleurer à chaudes larmes et de s'apitoyer sur son sort elle prend tout sur elle-même et subit. Elle parvient même jusqu'à cacher à son père cette violence qu'elle est forcée d'endurer.
Autant de passivité qu'il en devient donc difficile à regarder. Car dès lors on ne se sent plus spectateur mais témoin, témoin d'une violence non plus à laquelle on s'identifie mais à laquelle on assiste, quotidiennement, sans forcément y prêter attention. Film qui fait réfléchir.