La transformation de Kidman ne permet pas à ce policier lancinant, long et monotone d'intéresser.

Le principal intérêt de ce film semble résider dans l’incroyable transformation physique de Nicole Kidman en flic esseulée, brisée et alcoolique. Son investissement dans ce rôle ne fait aucun doute tout comme on ne doutait plus de la capacité de l’actrice à se fondre dans tous types de prestations à l’écran tel un caméléon. Alors oui elle est encore une fois excellente et investie mais ce n’est pas pour autant le rôle d’une vie, ni une performance faisant partie de celles dont on se souviendra longtemps. Dans le même genre Charlize Theron, sa partenaire de « Scandale », avait fait bien plus mémorable dans « Monster », une oeuvre qui lui avait valu un Oscar mérité. Il n’empêche, de sa dégaine à son phrasé en passant par le maquillage apposé sur son faciès, ça vaut le coup d’œil. Mais à part ça, « Destroyer » vaut-il vraiment le détour ?

Dans les grandes lignes non, tant le film se traîne au fil d’une intrigue vraiment peu captivante et pas toujours claire, qu’un montage alterné entre passé et présent tente maladroitement de dynamiter. L’éclectique Karyn Kusama (« Girlfight » ou « Jennifer’s body »), qui nous avait émerveillé avec son pesant et malsain « The Invitation » resté inédit chez nous, échoue cette fois à créer une ambiance délétère qui conviendrait parfaitement à ce type de sujet. Le soleil écrasant de la Californie, du désert aride aux coins miséreux de Los Angeles, et les endroits poisseux où nous convie l’intrigue ne parviennent pas à instaurer un climat putride comme bien d’autres long-métrages ont su le faire. De plus, le script se débat avec une sous-intrigue familiale inutile (la crise d’adolescence de la fille du personnage principal joué par Nicole Kidman) qui ralentit encore plus rythme.

Car le problème majeur de « Destroyer » est sans conteste son rythme lancinant et monotone qu’une pâle fusillade vient couper en milieu de film. C’est beaucoup trop long et surtout pour pas grand-chose, ce qui finit par avoir raison de la patience du spectateur. L’errance, plus que l’enquête, de cette policière semble à priori complexe mais uniquement à cause de ce montage illusoire et surtout parce que beaucoup d’informations reste en suspens et que des zones d’ombre ne seront jamais éclairées. Sinon, c’est désespérément simple et trivial de bout en bout et le voyage au bout de l’enfer scandé par l’affiche n’a pas réellement lieu. En résumé : un climat peu réussi voire raté, une prestation à Oscars un peu trop forcée, une intrigue accessoire et des longueurs en veux-tu en voilà font de cette œuvre atone un film très peu convaincant. Il y a pourtant quelques scènes réussies qui laissait augurer d’un mieux mais elles sont bien trop disparates pour apprécier pleinement ce triste film de rédemption.

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