Au XVIIIème siècles les Etats-Unis déportent 600 000 africains, pour les réduire en esclavage.
Au XIXème siècle les Etats-Unis ont conquis l'ouest en exterminant 80% de la population indienne.
Au XXIème siècle un américan noir a encore un revenu moyen réduit de 50% par rapport à son homologue blanc, 6 fois plus de chances de se retrouver en prison, et 21 fois plus de chances d'être tué par la police.


Il est évident même si ce n'est médiatisé à l'international que lorsque les émeutes arrivent, que les USA traînent un gros problème racial et de société.


Après s'être attaquée à la traque de Ben Laden dans Zero Dark Thirty, Kathryn Bigelow s'attaque à un sujet plus polémique, avec les émeutes de Détroit de 1967 qui débutent par un raid de la police dans un bar clandestin (un des symboles de la culture noire de Détroit), qui va vite dégénérer en émeutes dont la répression fera 43 morts. On se concentre ici principalement sur les événements qui vont se dérouler dans le motel Algiers Motel, je n'en dirai pas plus, car l'histoire n'est pas forcément connue et vaut d'être vécue en immersion, tant le film veut nous faire plonger au coeur du brasier.


J'avoue que je suis rarement fan des films portant sur des faits réels aussi proches, scénarisés, dramatisés, complétés et orientés en fonction du point de vue du réa, c'est pour ça que je préfèrerai toujours The hurt locker de la même réalisatrice, qui ne me procure aucune gêne d'interprétation de faits réels et personnes réelles.


Mais il faut avouer que le travail est bien effectué, très bien interprété, avec un gros soucis de ne pas prendre parti, et surement salutaire pour remettre au grand jour ces exactions qui résonnent encore dans l'actualité contemporaine du pays. Un peu d'empathie cinématographique ça ne fait jamais de mal.


Il s'agit donc avant tout d'une reconstitution brillante (l'état des rues, l'ambiance, les figurants, gros boulot), d'une photographie de l'instant. Il manque peut-être une histoire au dessus des faits, un épilogue plus flamboyant, pour en faire un film qui marquera pour toujours.

alb
7
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le 5 déc. 2017

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alb

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