Ce film est capable de tromper les attentes d’un spectateur entré dans la salle avec méfiance après avoir survolé les critiques. Non, ce n’est pas un chef d’œuvre mais on finit par s’installer dans le récit après avoir été pas mal malmené. Le rythme enlevé des scènes est maîtrisé par un schéma enchainant trois situations dont les perspectives varient. L’exposition montre la naissance d’une émeute urbaine, de l’étincelle à l’anomie : le cadre est large, les images fluides, juste ce qu’il faut pour ne pas s’endormir. Le drame se coagule ensuite dans l’espace clos d’un motel : tout devient lourd, dur, inutilement insupportable : envie de partir. Enfin, enquête et procès, retour aux fondamentaux de la démocratie américaine qui accouche cyniquement d’une injustice. On comprend pourquoi Larry Cleveland souhaite désormais vivre à bonne distance des lieux fréquentés par la police. La démonstration est convaincante et même si ce film dirigé par une femme blanche attribue peut-être trop de place à des good cops blancs pour contrebalancer l’action des mauvais (à Detroit en 1967, il faudrait voir cela de plus près…) peu importe le dosage noir – blanc dans la répartition des responsabilités. On a bien fait de rester jusqu’à la fin.