Émeute à Détroit été 1967, la ségrégation raciale est encore appliquée, l'armée est déployée dans les rues, suite à des bruits de coup de feu, provenant d'un motel, policiers et armée investissent le motel, et "torturent" les résidents en vue d'obtenir des aveux, 3 morts, et un procès qui "blanchira" les policiers meurtriers.
Deuxième grosse claque cinématographique de l'année (après Dunkerque), le film dure plus de 2h30 et à aucun moment la tension se relâche. C'est un film d'auteur, brillant dans son montage, dans ses choix esthétiques, dans son casting, ses choix narratifs. La caméra est parfois à l'épaule suivant l'action au plus près. Le film a été un échec cuisant aux états unis, la communauté noire n'acceptant pas que ce soit une "blanche" qui réalise le film, et surtout je crois que le contexte actuel de l'Amérique ne favorise pas cette introspection sur la réalité raciale du pays, ou encore des Afro Américains sont abattus de sang froid par une police toujours aussi raciste que dans les années 60. En fait, 50 ans après, rien n'a vraiment changé, et c'est cette vérité qui doit déranger les Américains. Kathryn Bigelow est sans conteste dans le top 5 des réalisateurs américains actuels, tous ses films ont du souffle et de la profondeur et avec une vrai vision de cinéaste, la fameuse caméra stylo.
En tant qu'objet cinématographique, c'est brillant, en tant qu'analyse sociétale c'est poignant. Mais l'Amérique actuel, malade de son système éducatif, malade de ses médias, malade de ses valeurs refuges que sont le nationalisme, la religion et le racisme, malade de ses flingues, malade de ses disparités sociales, n'est pas prête pour cette vision de son histoire. N'oublions pas qu'ils ont élus une ex vedette de télé réalité quasi illettré et d'extrême droite, et que "l'artiste" qui a le plus d'influence sociétale est une bimbo siliconée dont le seul mérite est une sexe tape. On est loin de l'Amérique des années 70, qui était prête à faire son introspection sur la guerre du Vietnam avec des films comme "Voyage au bout de l'enfer".