Dès l'introduction jazzy, Jean-Pierre Melville nous plonge dans les rues sombres de New York où l'on va peu à peu se mettre, avec deux journalistes, à rechercher un diplomate français de l'ONU qui a disparu.


Suite à cette merveille d'ouverture, Deux Hommes dans Manhattan nous immerge dès les premières secondes au coeur de cette enquête où Melville va d'abord poser une ambiance plutôt envoutante et mystérieuse. Il va directement à l'essentiel, sans détours inutiles, nous emmenant dans la jungle New-yorkaise et pose les bases de l'enquête avec la disparition, puis l'investigation confié à ce journaliste sûr de lui qui va vouloir imposer ses méthodes.


Alors, c'est aussi à partir de là que Deux Hommes dans Manhattan perd un peu son ambiance voire même légèrement de son intérêt par moments. Melville fait preuve de quelques bonnes idées mais peine à réellement rendre cette enquête captivante, s'attardant parfois trop sur certains points inutiles, ne mettant pas la tension qu'il faut. Il ne retranscrit pas réellement, ou du moins complètement, l'ambiguïté de cette affaire où il nous entraine entre bars, music-hall, maison close ou autres rues poisseuses et sombres, à l'image, par exemple, du final qui laisse clairement sur la faim.


Néanmoins, si Deux Hommes dans Manhattan n'est pas un grand film, ça n'en reste pas moins un petit film noir plutôt sympathique où Melville se donne le rôle d'un journaliste intéressant qui va naviguer dans cette affaire de chantage, femme et manipulation. Il se montre sobre devant et derrière la caméra, livrant quelques scènes vraiment bien foutues, sublimées par un fond musical jazzy et dynamique adéquat. Il capte plutôt bien ce New-York nocturne et inquiétant, sublimée par une belle photographie en noir et blanc ainsi qu'une certaine science du détail et du cadrage.


Quelque temps après l'excellent et l'abouti Bob le Flambeur, Jean-Pierre Melville nous emmène à New-York pour y suivre une enquête où manipulation, rues poisseuses, music-hall ou encore journalisme seront au rendez-vous. Parfois un peu maladroit et pas vraiment abouti, ça n'en reste pas moins un film noir plutôt sympathique et bien ficelé.

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le 13 avr. 2016

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Docteur_Jivago

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