Et vous? Que feriez vous?
Sandra, ouvrière dépressive, travaille dans une entreprise de confection de panneaux solaires. Pendant son congé maladie, alors que la firme rencontre des difficultés budgétaires le directeur propose un dilemme surprenant aux employés: pour équilibrer les comptes, ils doivent choisir entre leur prime de fin d'année et la sauvegarde du poste de Sandra. Le premier vote est sans appel, la jeune femme est licenciée. Toutefois, avec du courage et le soutien de ses proches, elle va exiger un nouveau scrutin et tenter de convaincre ses collègues de changer d'avis et de la choisir, elle.
Le drame social est l'une des marques de fabrique des frères Dardenne. Leur films racontent les douleurs d'un certain milieu social en proie aux affres de la vie moderne et des temps difficiles. Deux jours, une nuit est dans cette veine. Dans un contexte économique tendu, lorsque les usines ferment et délocalisent les unes après les autres, chacun lutte pour conserver un emploi et obtenir quelques euros supplémentaires. En effet, les factures s'amoncellent, les crédits doivent être remboursés, les projets immobiliers financés...
Pour Sandra et sa famille la tâche est ardue. Comment inciter ses collègues à l'empathie alors qu'ils sont eux-même terrorisés par l'évenutelle perte d'un emploi? Elle dispose des 48 heures d'un week-end chaud d'été pour les convaincre. En situation de détresse morale (la dépression menace de pointer le bout de son nez à chaque instant) et matérielle (elle n'a pas de voiture) elle doit partir en quête de chacun des ouvriers de son usine, les déranger dans leur vie de famille pour leur parler de choses désagréables. Difficilement elle s'attèle à la tâche, va de porte en porte, répète sans cesse le même discours et obtient divers réactions, du soutien à l'hostilité la plus totale.
Avec leur caméra, les frère Dardenne croquent un portait de la société et du monde ouvrier. Différentes situations sont représentées, de l'égoïsme pur et simple aux individus tiraillés entre empathie et contraintes financières insurmontables. Le film n'est jamais manichéen, il est criant de réalisme. Le spectateur reçoit la réalité en pleine face, se trouve confronté à ses propres raisonnements, se fait bousculer dans ses convictions et en arrive forcément à s'interroger: et moi? est-ce que j'aurais renoncé à quelques euros? aurais-je eu le courage de dire non à la pression patronale? Ces questions sont d'autant plus pertinentes en 2014 sur un marché de l'emploi tendu où chacun peine à sauvegarder un salaire décent.
Un film coup de poing, réalisé sobrement sans musique ou presque. Un portrait brut et authentique qui bouscule méchamment.