Il faut faire confiance à la vie, il faut faire confiance à la vie, il faut faire confiance à la vie

Deux Moi est le premier film de Cédric Klapisch que je découvre, je ne pourrais pas donc faire de comparaison avec le reste de son cinéma et notamment ses films « cultes » tels que L’Auberge Espagnole et ses suites, ou celui dont le réalisateur considère lui-même qu’il est son meilleur film, son premier Le Péril Jeune.
Si j’ai choisi d’aller voir Deux Moi attirés par les quelques extraits que j’en ai vu plus tôt, promettant un regard sur la solitude voire la dépression des jeunes urbains dans des grandes villes telles que Paris ou encore une « analyse » des rapports humains à l’heure des réseaux sociaux et des applications de rencontres.
Malheureusement le film s’il reste assez divertissant, ne tient pas pleinement ses ambitions et s’avère assez moyen.


Synopsis : Rémy et Mélanie ont trente ans et vivent dans le même quartier à Paris. Elle multiplie les rendez-vous ratés sur les réseaux sociaux pendant qu’il peine à faire une rencontre. Tous les deux victimes de cette solitude des grandes villes, à l’époque hyper connectée où l’on pense pourtant que se rencontrer devrait être plus simple… Deux individus, deux parcours. Sans le savoir, ils empruntent deux routes qui les mèneront dans une même direction… celle d’une histoire amour ?


Deux Moi n’est donc pas à proprement parler une comédie romantique au sens classique, plus un suivi de deux solitudes, chacun avec ses propres enjeux et problèmes que nous suivons séparément et qui finiront probablement par se croiser. En effet ces deux personnages s’avèrent être voisins.
Le film souffre de plusieurs problèmes. En effet si le jeu des interprètes principaux s’avère tout à fait correct, il n’est pas non plus si parfait que cela. Il est parfois il est vrai, difficile de croire que le personnage de Rémy joué par François Civil souffre d’un quelconque problème psychique.
Cela dit, la cause est bien plus un scénario malhabile que l’acteur lui-même : Rémi fait bien un malaise au début du film suite au licenciement d’une bonne partie de ses collègues, mais par la suite, son mal-être sera trop peu creusé jusqu’à enfin la dernière partie du film ou son véritable problème sera enfin abordé. Tout au plus pourra on comprendre que c’est une personne solitaire par choix et que cela n’a pas l’air de lui poser problème. Au moins en surface. On suivra donc avec plus ou moins d’intérêt (plutôt moins d’ailleurs) ses interactions a son travail d’opérateur téléphonique chez , lors d’un rencard avec une collègue ou chez le psy joué par François Berleand. Le personnage se demandant lui-même parfois pourquoi il s’y retrouve…


Le personnage de Mélanie est un peu mieux traité : D’emblée au moins nous savons ce qui ne va pas chez elle et les retombées que cela peut avoir sur son moral. Soit une perte de confiance en elle suite à une rupture très difficile et une tendance à se recroqueviller et dormir plus que de raison. Cela quelques semaines seulement avant une soutenance de thèse scientifique.
Pour autant le développement de son personnage est bien construit mais s’avère un peu fade et déjà vu :

C’est-à-dire qu’après une scène bien trop didactique et peu crédible façon « Tinder pour les nuls. » ou ses amis lui expliqueront images a l’appui (tout autant qu’aux personnes les plus âgées de la salle peut-être) le principe de ces applications. Elle finira par s’y inscrire.
Et d’enchaîner les rendez vous galères avec des types tous plus étranges les uns que les autres dont un qui restera entièrement mutique le temps du rendez vous dans une des quelques séquences comiques forcées du film. Tout ça en gros pour nous dire que les réseaux sociaux « ça détruit les relations sociales », ce que sa psy (Camille Cottin donc) finira par lui dire littéralement… Un peu de nuances aurait été le bienvenu, l’âge et l’avis du réalisateur-scénariste se faisant un peu trop sentir par moments.


L’autre problème se situe au niveau des rendez vous chez les psychothérapeutes. Si cela promettait des scènes pouvant être intéressantes pour des spectateurs en attente qu’un film puisse leur donner quelques clés sur eux-mêmes, les faire sortir avec pourquoi pas des interrogations.
Cela s’avère décevant, car celles-ci sont finalement si courtes malgré leurs récurrences qu’aucun propos construit n’en ressort. Si ce n’est un agaçant « Il faut laisser une chance à la vie » balancée a plusieurs reprises comme un mantra un peu vide de sens et facile. Ces rendez vous ne s’incarnent pas assez dans la durée comme dans un Will Hunting par exemple ou nous pouvions ressentir que les mots du thérapeute infléchissait le comportement du héros. Cela est trop peu le cas dans Deux Moi.
Excepté à la fin du long métrage bien sûr qui bien qu’assez réussi semble un peu expéditive et corroborant très facilement la thèse du réalisateur exprimée plus haut.


Mais Deux Moi se laisse toutefois regarder sans déplaisir et sans lenteurs gênantes. A condition de ne pas chercher un film « réaliste » se saisissant au mieux de notre époque. Sa prévisibilité a quelque chose d’assez confortable, les acteurs sont plutôt bons, Simon Abkarian en second rôle jouant l’épicier du coin est assez savoureux, certains gags marchent, et certains peuvent se retrouver dans ces personnages perdus et leurs questionnement pas toujours mais disons quelques fois bien formulés.
Il est dommage que ce qui ressemble vaguement a un Happiness Therapy à la française soit trop miné par un psychologisme facile et des enjeux pas toujours bien clairs.


Reste a voir ce que valent ses premiers films sur des thèmes similaires, peut-être était il plus fin ou plus en phase avec son époque, cela m’a tout de même donné envie de vérifier.

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le 15 sept. 2019

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