Il n’y a absolument rien d’ambigu dans ce film, comme on pourrait le prétendre, car le marine ne cache pas du tout à la sœur les sentiments qu’il éprouve pour elle, et la religieuse y répond sans ambages, dissipant tout malaise. Posant des questions très intéressantes (notamment le sens de la vocation religieuse lorsqu’on se retrouve seul sur une île, séparé du monde, de sa communauté, et… de Dieu ?) John Huston tourne un peu trop son récit vers un film de guerre assez banal, avec l’installation des Japonais sur l’île, qui contrecarre les plans d’évasion du marine et de la religieuse. Cela permet au scénario de se renouveler un peu, mais atrophie quelque peu la réflexion. En effet, un tel sujet aurait mérité d’être creusé plus en profondeur, afin d’en tirer les considérations qui s’imposaient sur Dieu, le sens de la foi et de la vocation religieuse et la tentation. Certes, la réflexion est abordée, mais elle est un peu réduite à une toile de fond qui habille le récit. On ne s’ennuie pas pour autant, d’abord grâce à l’interprétation éblouissante de Deborah Kerr, et parce que les péripéties ne manque pas, mais le film se termine tout de même avec un léger goût d’inabouti. Subsiste néanmoins un bel hommage à la vocation religieuse et à son idéal d'abnégation impressionnant (en tous cas vu de l'extérieur).