De beaux tatouages mais vides de sens.
Je suis allé voir Divergent, attiré par le concept sociétal futuriste et le design qui se dégageaient de la bande annonce. Je savais cependant risquer de tomber sur un produit pour ados et m'attendais au pire.
Le pire n'est pas venu mais le meilleur non plus.
Ce qui m'avait attiré d'emblée s'est vu confirmé sur toute la durée du film : le background tient la route, même s'il s'agit d'un univers post-apocalyptique classique (une guerre a mis le chaos et les survivants tentent de se structurer). Le look des différentes factions et leurs rôles respectifs dans la micro-société (à l'échelle d'une ville) sont vraiment bien présentés.
Le premier tiers du film est bien posé : composition de la société et pourquoi cet équilibre, choix des participants via un système d'évaluation psychique (c'est le choipeau magique de Poudlard en plus technologique) qui est censé les guider.
Le second tiers présente les épreuves que l'héroïne doit affronter pour espérer intégrer réellement la faction qu'elle a choisi (c'est du déjà vu -la stratégie Ender par exemple- mais c'est un vrai bonheur à suivre même si l'actrice principale manque un peu de crédibilité). L'ambiance distillée est bien amenée et l'on sent que quelque chose va de travers dans tout ce bel édifice (fasciste) démocratique. Les rôles de chacun des protagonistes sont posés en vue de la suite.
La dernière partie est la plus ratée à mon sens. Elle converge en direction d'une conclusion que l'on nous a présentée depuis le début. En ce sens, nul accroc au déroulé attendu ; chacun tient sa place sans dévier d'un iota et le dénouement s'avère extrêmement convenu. La toute fin est d'une platitude à pleurer et m'a gâché le plaisir du film. Tout ça pour ça ?!
Le film a tous les ingrédients pour séduire le public adolescent et offre des questionnements de circonstance :
-je suis dans une phase de ma vie où j'ai besoin de rituels (virils, c'est mieux) pour affirmer ma place dans le groupe de mes pairs ;
-je suis en pleine remise en cause du système (mis en place par les adultes) et je veux briser mes chaînes et m'affirmer ;
-épris de liberté, je suis prêt à tout plaquer pour vivre quelque chose de différent, en particulier si un beau ténébreux se trouve à mes côtés.
Tout cela est intéressant et pourrait suffire à nous distraire s'il n'y avait quelques défauts dans la cuirasse. L’actrice principale manque de force (physique et morale) pour être crédible dans le rôle. Tous les personnages sont droits dans leurs bottes, voire caricaturaux et nul ne présente de nuances susceptibles de surprendre (pas de traître ni de retournement de situation). En dépit d'une belle enveloppe, les événements sont extrêmement prévisibles (en dehors du nombre élevé de victimes mais tout est filmé très proprement et on ne salit pas les sièges).
Au final, il y avait de la matière mais elle est manque par trop d'aspérités (les romans en montrent peut-être davantage comme c'est souvent le cas entre l'écrit et le cinéma) ; l'adolescence n'en manque pourtant pas (en particulier au niveau des hormones qui donnent des envies de rapprochement entre mâles et femelles, mais pas ici où on reste prude et chaste).
A réserver pour des ados pas trop critiques qui n'ont aucun tiraillement au niveau des gonades et respectent scrupuleusement les enseignements de leur livre de catéchisme.