Will Smith est cool, le film, Diversion repose sur cet aspect de sa personnalité la plus exploité au cinéma, tout comme auparavant dans le hip hop, en tant que Fresh Prince avec son DJ Jazzy Jeff. L’histoire est à son image, légère et drôle. C’est un divertissement, qui manque d’imagination, en enchaînant les twists pour tenter de surprendre, alors que la fin est connue dès le début. Malgré tout, ça swingue, grâce à une BO aussi élégante que Will Smith. Il est la tête d’affiche, le pilier qui tente de garder le spectateur en haleine, face à la vacuité de l’intrigue. Un acteur peut sauver un film de l’ennui, même si sa performance n’a rien d’exceptionnelle, surtout quand il se contente de faire du Will Smith.
Il est bien loin le temps ou cet acteur surprenait son monde dans Six degrés de séparation, avant de se sublimer devant la caméra de Michael Mann pour Ali. Il ballade son charisme dans des productions sympathiques, mais ne semble pas en mesure de vouloir s’élever et reste un acteur juste sympathique. Pour autant, sa classe et son élégance, sont bien mis en avant, en défilant dans diverses tenues chic, dans un univers clinquant. Il le fait en compagnie de la belle Margot Robbie, qui ballade sa plastique avantageuse, en oubliant d’être une actrice. Le duo est improbable et ne fonctionne pas vraiment. La superficialité qui se dégage du film, de ce luxe étalé à chaque plan, représente bien cette actrice, qui a mis en émoi de nombreux mâles dans le réussi Le loup de Wall Street de Martin Scorsese, ce qui reste son seul fait d’arme, c’est dire si son talent est purement visuel.


La rencontre des deux personnages se fait avec une telle facilité, comme le lien qui se créer entre eux, qu’on a du mal à croire à leur association, moins à l’affection que Will Smith lui porte. C’est par la grâce de son humour et de son rire, que cela fonctionne dans une première partie réussie. L’arrivée d’Adrian Martinez rajoute au côté sympathique du film. Il est le personnage secondaire qui illumine ses scènes de par sa seule présence, associé à des réparties toujours drôles, même lors de ses face à face avec Margot Robbie, continuant de jouer la potiche. Mais il y a un homme, qui va mettre tout le monde d’accord, il s’agit de B.D. Wong. Son duel face à Will Smith est le sommet d’une histoire, qui va en pâtir et ne sera jamais en mesure de renouer avec la folie de cette scène. Elle marque une rupture et on retrouve notre héros, trois ans plus tard, en laissant en plan Brennan Brown, au profit de Rodrigo Santoro et de son cabotinage. Autant la première partie, arrivait à être passionnante, sous la chaleur de la Nouvelle-Orléans. Autant la seconde partie, se traîne, malgré des tentatives de relancer une histoire, qui enchaîne les poncifs, comme Will Smith et ses vodka pomme, sous la chaleur de Buenos Aires.


On passe d’un paysage exotique à l’autre, comme d’un twist à un autre, puis encore un, etc….mais cela swingue quand même. Le tempo est agréable, on est jamais dérangé, ni surpris. Gerald McRaney peut faire son entrée, pour tenter de secouer un peu, un ensemble qui stagne dangereusement. Il réussit à sortir tout le monde, de la torpeur, surement dû à la chaleur étouffante de l’Argentine. Mais cette absence de surprise, pèse sur la fin. Pas que tout soit prévisible, loin de là, sauf qu’au final, on sait très bien, que tout ça, n’est qu’un feu de paille.


Glenn Ficarra et John Requa ne sont pas réputés pour leurs talents derrière la caméra, ni même à l’écriture. Ce sont de bons faiseurs, dont la seule ambition est de divertir, comme dans leurs deux films précédents : I love you Phillip Morris et Crazy, Stupid, Love. Ils s’en sortent plutôt bien, ils ont su enrober leurs films dans une musique et une photographie réussies, masquant les faiblesses du scénario, tout comme celles d’une réalisation, qui ne décolle jamais, comme le film.


C’est un film conventionnel, Will Smith retrouve le haut de l’affiche, après un léger passage à vide avec les navrants Men in Black 3, puis After Earth. Il prouve qu’il peut toujours tenir un film sur ses épaules, encore faut-il que celui-ci tienne la route. Avec une meilleure partenaire et un scénario moins prévisible, on aurait pu se retrouver devant une histoire plus captivante, au lieu de ce produit trop lisse, mais qui se laisse voir sans déplaisir.

easy2fly
6
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Créée

le 28 mars 2015

Critique lue 787 fois

Laurent Doe

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