Danser au clair de lune... avec une crevarde

Par quoi commencer: la justesse du jeu, le panel d'émotions, la véracité des propos?
Des films sur la cité, le ghetto, la banlieue, on en a vu. Et franchement quand j'ai vu le résumé j'étais pas chaude du tout. J'avais peur du cliché, du ridicule ou de tomber sur un truc complètement à coté de la plaque. C'est loin de tout ça, c'est un film vrai sur tous les domaines qu'il aborde et qui réussi a être nuancé.


Enormément de sujets sont abordés et recentrés sur un personnage cette Dounia.
Le thème de l'adolescence, le fait de grandir de prendre conscience de son image, notamment lorsque l'on est une femme et une femme dans un milieu un peu.. hostile.
Celui de l'amitié RPZ à tous ceux qui on déjà entendu "ton amie a une mauvaise influence sur toi".
Et enfin le fameux ascenseur social de Bourdieu avec l'ambition de quitter le niveau -4 du parking pour le rooftop. Dès les premières minutes j'ai été submergée par cette scène avec sa prof en pleine classe d'un réalisme ciselé. J'ai eu une petite frayeur d'ailleurs pensant avoir affaire à une sorte de film-documentaire un peu trop froid et unilatéral, guess what, j'avais tord.


Très vite on se rend compte que la gamine est peut être insolente mais comme d'habitude ça s'explique, sa mère est clairement une épave, et on comprend pourquoi elle est juste perdue. A se façonner elle même, elle prend pour modèle les mauvaises personnes et notamment Rebecca une dealeuse. Si elle s'identifie à cette nana "qui a du clitoris", elle est encore trop jeune pour en saisir les imperfections et surtout le danger. C'est naïvement, presque comme un jeu, mais aussi aveuglée par la volonté de s'en sortir quelle poursuit cette voie, refusant celle que le système, classique et impuissant, lui proposait.


Le film est extrêmement ludique et là ou ça me bluffe c'est que le ludique se combine avec la beauté. Au coeur de ce milieu pourtant étouffant gris et morose tout un esthétique assez aérien se dégage. On finit par rêver avec nos deux cassos devant la fenêtre ouverte d'un immeuble.

En parlant de beauté est-ce que l'on peut parler 30 sec de Djigui (le danseur)? Naaan? Bon d'accord. sad face
Donc le film est beau, le film est ludique et c'est pas finit... Y'a un vrai propos (cf les domaines évoqués plus haut) le film est loin d'être creux.
Les acteurs sont merveilleux et le duo de bestah est #majesticasfuck. Je pense que chacun peut se retrouver dans cette alchimie qu'elles ont été capable de créer et de dégager. Du coup on rit et rêve avec elles mais on pleure aussi.

CyrielleFarges
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le 1 févr. 2017

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Cyrielle Barges

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