Banlieue-land
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Attention : le double-article qui va suivre témoigne dans un premier temps du choc généré par la découverte du premier film de Houda Benyamina lors de sa sortie en salles en 2016, puis de la relative déception amenée par sa récente relecture. Clairement clivante, provocatrice mais totalement énergisante dans le même mouvement Divines est une Oeuvre abrasive, non dénuée de maladresses mais résolument ancrée dans l'air de son temps... A vous !
Texte écrit en septembre 2016 :
Le premier film de Houda Benyamina reste l'une des réussites majeures de cette année 2016 ! En dressant le portrait d'une amitié ayant pour toile de fond la banlieue parisienne la réalisatrice apporte un regard inédit sur une jeunesse en quête d'argent facile, s'inspirant entre autres choses du cinéma mélodramatique de Jacques Audiard.
Alors que les premières minutes laissent présager une petite comédie sociale à la mode Kechiche Houda Benyamina brosse peu à peu une véritable épopée filmique. Audacieuse et généreuse dans sa manière de doser les séquences intimistes, l'humour et les accès de violence quasiment imprévisibles elle s'attarde principalement sur les personnages de Dounia, Maimouna et Rebecca, trio de jeunes femmes en quête d'une vie meilleure... On pense bien entendu au Dheepan de Jacques Audiard, dans la mesure où le style fiévreux de la réalisation renvoie directement aux films de l'auteur de Sur mes lèvres.
Divines est donc un mélo bouillonnant d'énergie, parfois lyrique et fort en suspense, un drame urbain sur une jeunesse nourrie à Scarface et à Pattaya, un film qui reste un petit tour de force cinématographique à voir impérativement. Une caméra d'or amplement mérité.
Texte écrit en novembre 2020 :
Caméra d'Or au Festival de Cannes 2016 le premier film de Houda Benyamina fut - à l'époque de sa sortie - aussi bien vanté par la critique que par le public. Film choc, fier de sa tonalité jeune et bouillonnante Divines déçoit pourtant à la revoyure, dévoilant ses lacunes une fois la surprise de sa découverte révolue. Éventuelle version féministe contemporaine de Scarface ce drame social semble - en plus de courir trop de lièvres à la fois - stérile en matière réflexive et constructive. Et pour cause : Divines se limite à sa constatation pure et simple, montrant une jeunesse suburbaine désœuvrée rêvant d'argent facile sans apporter de réel contre-point susceptible de nuancer son propos de départ.
Difficile alors de ne pas y voir un modèle de cynisme, Houda Benyamina se contentant de racoler à tous les étages en surfilmant ses séquences à renfort de procédés spectaculaires, y insufflant par la même occasion une rudesse mâtinée d'humour certes pas toujours malvenue.
Clairement orienté du côté d'un certain féminisme revanchard Divines se permet d'inverser les tendances en érotisant ses figures masculines à outrance ( un gigolo musclé par-ci, un danseur ténébreux et inexpressif par-là...), histoire de bien faire passer son message genre nos-dames-portent-la-culotte. Le film reste néanmoins très efficace d'un point de vue purement technique, faisant montre d'une ambition somme toute très plaisante à suivre ( Benyamina joue d'une ampleur bigger than life au fur et à mesure que le métrage avance...) mais fondamentalement très agaçante. Mitigé.
Créée
le 13 sept. 2016
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