Je ne vais pas m'étendre trop longuement sur ce film que j'étais très impatiente de voir - compte tenu de l'engouement absolu de la critique, des récompenses multiples de Cannes 2016 (Caméra d'or) aux César 2017 (les deux actrices principales raflant celui du Meilleur espoir féminin, l'autre de la Meilleure actrice dans un second rôle).


J'aime bien les films de banlieusards/wesh wesh, j'ai aimé Entre les murs, L'esquive, La Haine et Bande de filles (avec plus de réserve pour ce dernier) - le problème de Divines, c'est qu'il n'apporte pas grand chose de nouveau dans son discours : toujours des petites frappes entêtées qui font des conneries, bavent devant les signes extérieurs de richesse tout en méprisant les outils républicains à leur disposition, préférant se vautrer dans l'exclusion et la délinquance - avec souvent un sous-texte victimaire qui a tendance à me les briser.


Les gamines de Divines vont très très loin dans la bêtise, l'immaturité et les mauvais choix mais je pense que ce qui m'a le plus choquée c'est la vulgarité qui se dégage de leur attitude et de leurs décisions. Certaines scènes m'ont mise particulièrement mal à l'aise, surtout quand on voit leur jeunesse, en voir une faire la p**** en pensant s'approprier les codes masculins (en cela le film est assez féministe même s'il montre bien que les lascars filles ne valent pas mieux question morale et valeurs que leurs confrères...) m'a paru très limite. Certaines scènes sont d'une violence réaliste quasiment insoutenable, et entre deux on a l'explosivité propre à ce type de population : les bagarres, les insultes, le langage qui ressemble à rien, et vas-y que je t'interpelle et que je me rebelle et que je supporte pas les ordres... Le tableau de banlieue habituel.


Reste qu'il est des éléments assez singuliers dans le scénario, pas toujours faciles à interpréter d'ailleurs : la présence (graou) du danseur, tout ce questionnement sur le corps et finalement l'acceptation de soi, la photographie qui est belle (notamment lors des scènes de danse) et bien entendu la bande-son plutôt formidable avec ses résonances religieuses que j'ai trouvées vraiment sublimes. La religion est assez peu interrogée et ce n'est pas plus mal : non, ici la religion c'est plutôt l'amitié, la confiance qu'on accorde ou pas, et les relations dominants/dominés qu'on finit toujours par vouloir renverser.


Il demeure que les deux actrices principales sont assez touchantes même si on ne peut pas s'empêcher de les trouver complètement idiotes dans leur obstination à prendre toujours le mauvais chemin, dans leur fascination pour l'argent..Tout ça sonne malheureusement assez réaliste et je regrette qu'on attribue de tels prix d'interprétation à des nanas qui ne font que jouer ce qu'elles sont dans la vie : des racaillounettes pas très futes futes mais rigolotes. Reste à voir si elles sauront se glisser dans d'autres rôles et se montrer convaincantes...


La dernière scène est atroce, je ne m'attendais pas à une telle fin qui m'a paru d'une noirceur et d'un pessimisme absolu - et ce malgré la volonté d'Houda Benyamina de vouloir clore son récit sur de belles images.


En résumé, Divines pour moi ne mérite pas le battage médiatique dont il est l'objet depuis plusieurs mois, en tant qu'il ne révolutionne nullement les thématiques qu'il aborde et nous propose une énième démonstration du déterminisme social, des turpitudes et des espoirs des gamins des cités.


Bien mais pas top.

Créée

le 10 mars 2017

Critique lue 325 fois

5 j'aime

7 commentaires

Critique lue 325 fois

5
7

D'autres avis sur Divines

Divines
Contrechamp
5

Banlieue-land

Le cinéma français contemporain, d’Audiard (Dheepan) à Sciamma (Bandes de Filles), tente de construire un regard sur la banlieue. Il cherche à s’accaparer cet univers qui, pour beaucoup, à commencer...

le 30 août 2016

72 j'aime

7

Divines
Mil-Feux
7

"T'as du clitoris, j'aime bien !"

La réussite. Dur d'y croire lorsqu'on vient d'une banlieue où le quotidien se résume au trafic, à la violence et à la religion. Pourtant, rien ne peut empêcher les rêves et les ambitions de naître...

le 2 sept. 2016

51 j'aime

5

Divines
Thomas_Deseur
8

Le bal des actrices

Oulaya Amamra. Il sera difficile de parler de ce film sans mettre le nom d'Oulaya Amamra à chacune des lignes de cette prose tant la performance de l'héroïne de "Divines" est à couper le souffle. Une...

le 25 août 2016

47 j'aime

2

Du même critique

Enter the Void
BrunePlatine
9

Ashes to ashes

Voilà un film qui divise, auquel vous avez mis entre 1 et 10. On ne peut pas faire plus extrême ! Rien de plus normal, il constitue une proposition de cinéma très singulière à laquelle on peut...

le 5 déc. 2015

79 j'aime

11

Mad Max - Fury Road
BrunePlatine
10

Hot wheels

Des mois que j'attends ça, que j'attends cette énorme claque dont j'avais pressenti la force dès début mai, dès que j'avais entraperçu un bout du trailer sur Youtube, j'avais bien vu que ce film...

le 17 déc. 2015

77 j'aime

25

Soumission
BrunePlatine
8

Islamophobe ? Vraiment ? L'avez-vous lu ?

A entendre les différentes critiques - de Manuel Valls à Ali Baddou - concernant le dernier Houellebecq, on s'attend à lire un brûlot fasciste, commis à la solde du Front national. Après avoir...

le 23 janv. 2015

70 j'aime

27