Oscars obligent, les meilleurs films américains sortent en fin d'année de l'autre côté de l'Atlantique, pour rester dans la mémoire des votants et augmenter leurs chances d'être récompensés. Avec les quelques semaines qui séparent une sortie US d'une sortie française, le début d'année est toujours garni d'attractions cinématographiques. Cet hiver, le film qui m'intéressait le plus était (je sais, très original) Django Unchained !

Alors, pourquoi ce titre sans aucun sens ? Parce que j'avais prévu d'aller le voir dès sa première, le mercredi à 14 heures, mais j'habite à 45 km du cinéma le plus proche, et les tempêtes de neige m'ont empêché de sortir de chez moi pendant une semaine. Une semaine durant laquelle j'ai ruminé, attendant plus que tout de pouvoir enfin ce nouveau Tarantino.

Arrive donc ce mercredi suivant, où je me rends au cinéma pour trois heures de pur plaisir. C'est du moins ce que j'attendais. Et c'est ce que j'ai eu. Je n'ai jamais été un grand fan de western, et je n'avais alors pas vu les grands Westerns Spaghetti. Mais, maintenant que j'en ai visionné quelques-un, je peux dire avec certitude que Django Unchained n'est pas un Western comme les autres. C'est justement là la force de Tarantino: Il est capable, par la force du talent et même du génie qui l'habitent, de créer un style propre à lui, qu'on n'a jamais retrouvé chez un autre cinéaste, et qu'on ne retrouvera probablement jamais. Tout ça en s'appuyant sur les bases du Western, et en rendant hommage aux films qui l'ont marqué. Après des films spectaculaires mais très loin de ses chefs d'oeuvre (Kill Bill I et II, Une nuit en enfer), et Inglourious Basterds, que je n'ai pas du tout aimé, j'ai enfin retrouvé le Tarantino des Pulp Fiction, Reservoir Dogs et Jackie Brown.

Dans Django, il y a tout. Christoph Waltz est exceptionnel, mais rien d'étonnant à cela. Son rôle est fait pour lui, tout comme le film, finalement, puisque tout le scénario tient sur le fait que King Schultz soit allemand. Tant qu'il est présent, le film est proche de la perfection. On ne s'ennuie pas une seconde et, même quand il n'est pas à l'écran, on sent que son poids sublime le film. Di Caprio, acteur que j'adore, n'aura finalement pas à faire face à la comparaison entre "avec Waltz" et "sans Waltz", contrairement à d'autres. Si Samuel L Jackson, tout simplement excellemment drôle et dérangeant dans son rôle, tient bien l'absence de l'autrichien, ce n'est pas le cas de Jamie Foxx, qu'on sent bien en-deçà dans la dernière partie du film, tout comme sa femme, Kerry Washington. Ces deux-là ne tiennent pas la comparaison avec les autres acteurs au casting. C'est dommage, parce que le film se recentre petit à petit sur eux, et ils gâchent un peu le sentiment du spectateur. Enfin, arriver à ça en quelques minutes, c'est quand même fort.

La BO est, vous vous en doutez, l'un des points forts du film. C'est Tarantino, ne l'oublions pas. Le jour où Tarantino fera une mauvaise BO, c'est qu'il aura laissé à Kad Merad le soin de s'en charger. Maître en la matière, il ose encore ici mettre des morceaux de rap dans un Western, preuve qu'il se fout de tout, des conventions comme de la tradition. Il veut bien rendre hommage aux meilleurs Westerns Spaghetti, mais pas question de ne faire son film qu'à moitié comme il l'entend simplement pour rester dans les clous. Non, Tarantino fait des choix qui peuvent ne pas plaire, mais ce sont les siens, totalement assumés. Le rap, dans un Western, c'était osé. Ca s'était peut-être déjà fait, je n'en sais rien, mais probablement pas dans un film aussi attendu que Django. A part ces morceaux de rap très bien placés (je n'aime pas ce style de musique mais ils sont ici parfaitement mis), on trouve le gratin des compositeurs de Westerns Spaghetti, notamment des morceaux originaux du premier Django, et quelques compositions made by Ennio Morricone. Tout ça pour dire que, comme à son habitude, Tarantino sait s'entourer pour former la meilleure BO possible.

Passons maintenant au scénario. Comme dit plus haut, c'est Tarantinesque. Rien à voir avec quelque chose qu'on a déjà vu ailleurs. Tarantino réinvente le cinéma, se crée son propre cinéma. Ca ne plait pas à tout le monde mais, personnellement, j'adore. C'est du déjanté total, drôle, émouvant, triste, poignant. Même si, comme dit plus haut, Christoph Waltz a une réelle importance dans ce film. On ressent son absence, le film baisse tout de suite d'un ton. Puis il y a cette fin, totalement ratée. Pourquoi laisser ces deux acteurs tuer le film alors qu'il ne lui reste déjà que quelques minutes à vivre ? Pourquoi, Quentin, pourquoi, pourquoi, pourquoi as-tu assassiné ce chef d'oeuvre ? Pourquoi n'as-tu pas coupé cette dernière scène au montage ? Un pari avec un mec rencontré dans un bar ? Un délire personnel que personne ne peut comprendre ? Un léger abus de produits illicites ? Franchement, il me faudra une très bonne réponse pour oublier cette grave erreur que tu as commise.

Créée

le 5 juin 2013

Critique lue 437 fois

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Kenan

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