De "Reservoir Dogs" à "Kill Bill", j'ai voué un véritable culte, me muant en une véritable groupie à vénérer Quentin Tarantino, cas unique dans ma vie pour un cinéaste.
Dès lors, hormis mes t-shirts de hardos, je trouvais tout aussi cool de porter une chemise blanche et une cravate noire. J'ai modestement contribué à engendrer sa fortune perso par rafales de francs et d'euros à accumuler des VHS puis diverses rééditions DVD de ses propres oeuvres ou affiliées. J'ai dévoré tous ses scenarlivres, placarder mes murs de ses affiches, arborer fièrement des t-shirts, écouter en boucle ses O.S.T...sans jamais négliger l'aumône faite en salles obscures ("Pulp Fiction" restera ad vitam le film que j'aurai vu le plus de fois au cinéma).
Puis le cinoche de Tarantino et moi avons commencé à nous brouiller dès la sortie de la projection de "KB2" dont le bavardage incessant m'avait tellement saoulé ! Ce fût une gueule de bois si traumatisante que présentement, j'ai encore la hantise de retenter l'expérience. Pourtant naguère, j'avais reconnu mon immense erreur de jugement et mis sur le compte d'une incompréhension passagère ses prétendus écarts avec "Jackie Brown".
J'ai fini par le considérer comme un bande-mou fétichiste et nombriliste pour m'avoir trompé avec "Death Proof", son film-branlette sur les pieds et les pouffiasses.
Je n'ai pas été insensible à cette amorce de reconquête via "Inglorious Basterds" mais l'effort était bien trop timoré pour m'amadouer.
Cette nuit, j'ai rouvert ma porte à Quentin qui insistait depuis un bail pour me présenter son "Django Unchained". Je craignais une nouvelle désillusion et un calvaire long de 165 minutes et ce, malgré les commentaires dithyrambiques qu'il engrangeait depuis plus d'un an.
Instantanément, la magie a refonctionné comme au bon vieux temps : les minutes n'avaient plus de poids, plus aucune valeur. L'écriture ciselée et ressuscitée de ses dialogues de funambule alternant entre intensité dramatique et humour m'ont à nouveau passionné.
Sa réalisation en boule à facettes de références m'a happé tout le long dans un orgasme visuel permanent. Les membres de son casting ont largement contribué à prolonger ce plaisir : Foxx est un bon acteur, DiCaprio un putain de bon acteur et Waltz un putain d'enfoiré de bon acteur de sa race de champion du monde !!! Itou pour Samuel L. Jackson, le plus fidèle des acteurs de Tarantino qui campe trait pour trait un effroyable Oncle Ben's, une fascinante pourriture de bounty, probablement le personnage le plus raciste du film !
Quel kiffe j'ai pris à patauger dans son western spaghetti malsain, au son d'une B.O. et d'un slang anachroniques, à être éclaboussé par cette violence visuelle magnifiquement souillée par des geysers d'hémoglobine (que notre confrère Custom51 considère judicieusement comme une révérence à l'univers sanguinolent de Romero), sublimé par une mise en scène qui confirme que Tarantino est une des plus fines gâchettes du 7ème Art.
Quel pied de te retrouver Quentin !!!
M'enfin merde ! "Death Proof" tout de même...!