J’ai été un grand fan de Tarantino. Comme scénariste d’abord (True Romance et Tueurs nés) puis comme réalisateur (Reservoir Dog et Pulp Fiction sont des films cultes). Le divorce a eu lieu à la sortie de Jackie Brown où j’ai sentis que Quentin et moi partions dans des directions différentes. Alors nous avons fait un break et chacun est parti de son côté. Je n’ai même pas vu Kill Bill (“honte à toi” me diront certains) et Boulevard de la mort m’a laissé relativement indifférent. Avec Inglorious Basterds j’ai senti qu’un renouveau était possible et qu’on était à nouveau fait pour s’entendre, Quentin et moi. Mais je ne voulais pas m’emballer. On a tôt fait de se faire avoir par un réalisateur qui nous fait les yeux doux.
Django Unchained n’était pas fait pour moi. Je n’aime pas les westerns et j’étais assez angoissé à l’idée de ce qu’un Tarantino aurait pu y apporter. Mais bon… le bouche à oreilles faisant son effet, je me suis dit qu’il fallait tout de même que je me fasse une opinion sur ce film. C’est difficile d’aborder un film après en avoir entendu tant de bien. On se dit qu’on va forcément être déçu. Je l’ai donc approché en toute humilité, comme un chasseur guettant une biche magnifique et farouche.
Eh bien j’ai été bluffé, bien malgré moi. Je m’étais inconsciemment préparé à détester ce film mais, avec toute la meilleure volonté du monde, je n’ai pas pu. Le scénario tient la route, les acteurs sont plus qu’honorables (Jamie Foxx sait décidément tout faire), la mise en scène et le montage sont plutôt bons et même la bande-son (décalée pour un western) fonctionne. Chaque élément prit indépendamment n’a rien d’exceptionnel mais l’ensemble est cohérent et procure un plaisir jouissif à suivre ce bon vieux Django.
Je pense que ce film m’a aidé à comprendre le grand oeuvre de Tarantino. Il a redonné toutes ses lettres de noblesse aux films de série B avec cette manière décomplexée de faire du cinéma. Cela peut dérouter parfois, mais le talent est justement de le rendre accessible au plus grand nombre. Oui je suis réconcilié avec Tarantino et je suivrais à nouveau ses prochains films avec beaucoup d’attention (même si je ne suis pas encore tout à fait prêt à regarder Kill Bill).
David_Benoit
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le 6 nov. 2013

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David Benoit

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