Suite à moult hommages et inspirations des westerns, Tarantino s'est attaqué au genre lui-même. Dès le début, on voit qu'il est à l'aise avec ce cinéma qu'il affectionne tant. Il puise du meilleur pour nous offrir le meilleur de lui-même, toujours avec sa patte personnelle.
Traiter de l'esclavage des noirs aux Etats-Unis est risqué, voire audacieux, puisqu'il s'agit d'un sujet sensible. Thème principal de ce western à la sauce Tarantino, il est exploité d'une manière crue, avec un parti-pris à priori, mais jamais dans la simplicité ou dans le militantisme primaire. En ce sens, même si ça n'apparaît comme tel, il y a une certaine subtilité. Car qu'importe le propos du film, il s'agit d'un divertissement efficace, jouissif et hautement rythmé tout le temps de ses courts 2h45.
Django Unchained apparait comme un film abouti sur tous les points. L'ambiance est réussie : l'histoire respire le western authentique, que ce soit dans sa mise en scène pointilleuse mais virevoltante, la musique, composée par le grand Enio Morricone, accentue les moments forts du film, les décors, extérieurs et intérieurs, sont variés et de toute beauté. La plupart des personnages sont réussis : ni unilatéraux ni manichéens, ils sont incarnés par de brillants acteurs bien impliqués. Comme dans Inglorious Basterds, Christopher Waltz joue son personne de "dentiste" à merveille, tout dans la subtilité et dans une retenue volontaire. Jamie Foxx n'est pas en reste et nous livre ici sa vengeance sans barguigner. Leonardo DiCaprio nous livre également une de ses plus belles prestations, caractérisé lui aussi par sa finesse et son charisme naturel. Pour son retour chez Tarantino, Samuel L Jackson est un peu écarté, car son personnage est moins développé faute d'une apparition tardive.
Le tout se mélange pour former un cocktail explosif. Django Unchained passe par toutes les phases d'un Tarantino réussi : une introduction puissante et accrocheuse, des relations construisant excellemment le récit, une violence aussi excessive que jubilatoire, quoiqu'un peu plus âpre que dans ses autres films car ancré dans une certaine réalité historique et des dialogues savoureux dans des pièces intérieures. Tout est mené d'une main de maître, presque sans fausse note.