Après des clins d’œil plus ou moins appuyés lors de ses précédents films (Kill Bill vol. 2, Inglourious Basterds), Tarantino se fait enfin son propre western, comme il en a toujours rêvé. La touche QT me réussit plutôt bien, puisque la plupart de ses réalisations m’ont beaucoup plu, toujours pour les mêmes raisons, essentiellement subjectives, le plus souvent les mêmes qui font le pain béni des détracteurs de son style. Bref, passons à Django Unchained, que ces coquins d’Espagnols ont jugé bon de traduire par Django Desencadenado, ce qui est assez ridicule, mais bon.

La prise de sagesse de Tarantino opérée dans Inglourious Basterds ne se vérifie qu’à moitié. Certes, le rythme est plus posé, moins tapageur qu’à l’accoutumée, mais on retrouve néanmoins avec plaisir ces intenses moments de massacre en règle et de ce que j’appelle, quitte à passer pour un fan-boy déboussolé, des instants de classe typiquement tarantinesque.
Sur le casting, il est évidemment de qualité. Au fil des mois, on avait l’impression que tout Hollywood était passé entre les mains de Tarantino (Russell, Gordon-Levitt, Costner, Baron Cohen…). Tarantino avait dit que Waltz avait pris la place de muse qu’occupaient Thurman ou Jackson lors de l’élaboration de ses films. Force est de constater qu’en effet, l’acteur régale comme dans Inglourious Basterds, dans un rôle presque taillé sur mesure pour lui. De Rex Chien Flic, passer à taper la causette sur les combats d’esclaves avec DiCaprio en quelques années, c’est tout de même une progression non négligeable… Waltz commence déjà à rafler tout ce qui passe à sa portée comme prix, dommage pour DiCaprio, qui laisse passer sa chance. Parlons-en d’ailleurs de lui. C’était vraiment lui que j’attendais le plus au tournant, son premier rôle de méchant, enfin. Un nom ridicule, des fringues venues d’ailleurs, des dents sales : le bad-ass parfait en somme. Sa prestation est plus que correcte, à la limite du cabotinage de trop, mais qu’il parvient à contenir. Samuel L. Jackson est lui terrible dans son rôle de vieil esclave collaborateur, typiquement le genre de personnage détestable mais que tout le monde vénère en secret… Sur Jamie Foxx, qui est quand même le héros, il n’y a rien à dire, prestation sobre, mais efficace, avec quelques envolées salutaires (‘I like the way you die, boy’).

Sur le film en général, je rejoins ceux qui affirment qu’il manque de rythme, ou plutôt qu’il y a un faux rythme jusqu’à la rencontre avec Calvin Candie. On ne sait pas trop comment avance le film et on se laisse porter parce que quelques cavalcades et raids sanguinolents nous tiennent en haleine. La scène des Brittle Brothers est par exemple excellente, comme seul ( ?) Tarantino sait en faire. Toute la première partie du film est sympathique, mais sans plus, suffisant à contenter mon sens critique déboussolé par la patte de Tarantino.
Vient enfin la rencontre avec le personnage de DiCaprio. Passé quelques moments un poil de mauvais gout (combats d’esclaves, traque au chien…), le film prend son véritable envol : longs dialogues, magouilles en tout genre, grosse bouffe, une sœur énervante, des sbires bien connards comme il faut, une belle princesse à délivrer, un crâne étrangement amené… La chose la plus à regretter du film est l’absence de véritable climax final, comme l’absurde mais fabuleuse fusillade d’Inglourious Basterds avait réussi à rester en rétine pour longtemps. Certes, passé un moment, ça bazarde de partout, ça envoie du pâté, les cadavres volent, même plusieurs fois après leur mort… Bref, LE moment attendu du film, et qui ne déçoit pas. Dommage que les péripéties continuent quand même après, et bien qu’elles soient funs, ça fait limite réchauffé (même si Tarantino nous honore de sa présence devant la caméra).

Sinon, j’ai trouvé ça original de sa part de sans cesse faire des clins d’œil à ses anciens films : orgie de cadavres avec un survivant qui ne peut pas partir (Kill Bill vol. 1), flashes-back à musique déroutante (allusion à peine voilée à l’histoire de Kiddo), Michael Parks, etc.

Pour conclure, ça faisait très longtemps que je n’avais pas autant pris mon pied à au cinéma. Tarantino m’a comblé, ce qui en même temps n’était pas très compliqué étant donné que je suis très réceptif à son cinéma. Une BO grandiose (comme d’habitude), des personnages excellents (au look et aux attitudes géniales), des scènes qu’on désespérait de jamais revoir chez Tarantino, le tout dans une ambiance fort plaisante, et ce dès les lettres en sang du générique. Bref, j’ai aimé et pas qu’un peu.

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le 20 janv. 2013

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Pariston

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