Sans forcément être mon film préféré de Spike Lee, il est sans doute un de ses plus percutants. Son atmosphère, tout d’abord, est ce qui ressort le plus du film et ce qui reste avec nous après. Lee nous emmène dans un des quartiers noirs de Brooklyn, où le climat chaud (à la fois au sens littéral et figuré) va mener à l’explosion. Ce que j’ai beaucoup aimé, c’est au’avec un découpage très balisée, un décor fixe dans l’espace (on reste dans la même rue ou presque), et le fait que le tout se déroule sur une journée où l’on suit le quotidien des personnages ; Lee donne un aspect très théâtral.
Ce côté est renforcé par les dialogues et le langage de la mise en scène, comme pour nous immerger davantage dans le contexte. Si bien qu’on est complètement impliqué, l’intrigue nous capte, nous colle à la peau, et on voit cette journée se dérouler avec un rythme propre au théâtre (on pourrait presque découper en actes et scènes), jusqu’à l’escalade finale où l’explosion, là encore au sens littéral et figuré. Elle est si violente, si brusque, qu’on reste ahuris quelques instants, à l’instar du personnage de Mookie, pour que ça s’enchaîne dans la suite et qu’on prenne conscience de la violence qui était jusqu’à là contenue.
Ce qui dénote d’autant plus avec la conclusion, où presque tout retourne à la normale. Comme si cette violence faisait partie intégrante du quotidien des personnages. Et c’est cette approche qui rend le film aussi percutant, révoltant, juste dans l’injustice qu’il dénonce.
Le casting sera à la hauteur. Comme au théâtre d’ailleurs, il y a toute une troupe sur scène, autant d’acteurs et d’actrices présents qui participent à l’intrigue principale. Mookie pourrait être considéré comme le narrateur, expliquant sans doute pourquoi Spike Lee l’enrôle et le joue à merveille, parce qu’il veut transmettre son histoire avant tout. J’ai beaucoup aimé Danny Aiello, Bill Nunn ou encore John Turturro. Néanmoins, encore une fois, l’ensemble est vraiment top.
La musique de film et les décors joueront un rôle essentiel pour l’intrigue, mais proposera une liste de titres qui participent à l’immersion dans cette atmosphère, dans ce contexte, ou les oppositions se jouent même par l’impact culturel de chacun des personnages. La mise en scène de Spike Lee fera aussi beaucoup penser au théâtre par moment, tout en restant propre au cinéma dans les codes utilisés. Et une nouvelle fois, le réalisateur l’utilisera pour qu’elle véhicule son propre message.
Bref, Do the right thing est un film magnifique dans le sens où son titre ne prend son sens qu’à la fin : il n’est pas là pour illustrer l’intrigue mais s’adresse directement au spectateur (renforcé par l’affiche d’ailleurs). Spike Lee nous montre avec une justesse rare quelle est la situation (et le plus effroyable, c’est que 30 ans après, elle n’a pas changé) et nous intime de faire ce qui est bien.