Docteur Jerry et Mister Love par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Julius Kelp est un professeur de chimie dans une grande école américaine. Avec son physique ingrat, son manque d'autorité, ses gestes maladroits, mais plein de bonnes manières et d'innocence, il est certain que les élèves viennent à ses cours davantage pour se distraire et semer la pagaille que pour s'instruire. Mais voilà, Julius parvient à être amoureux d'une ravissante étudiante de son cours. Pour lui, complexé au plus haut degré, il s'agit d'un amour inaccessible. Notre professeur décide donc de préparer, dans le plus grand secret, un élixir censé le transformer en un homme séduisant et tombeur de femmes, au nom révélateur de Buddy Love ... Le breuvage semble si bien faire son effet que Julius devient soudain prétentieux et méprisant. Malheureusement, l'élixir n'a qu'un effet temporaire, ce qui ne va pas manquer de susciter des situations gênantes pour lui. De plus, son entourage, dont la charmante petite étudiante, commence à avoir des soupçons. Alors, réussira-t-il dans son entreprise de séduction ?


La trame de cette histoire est banale mais la morale implacable : pourquoi les gens laids n'auraient-ils pas, eux aussi, des atouts, une beauté cachée en plus d'une bonté intérieure ? En partant de ce constat, le réalisateur nous présente un film loufoque à souhait, comportant des scènes absolument inoubliables.


Il faut voir : Jerry Lewis en savant fou, préparant dans la solitude son breuvage en compagnie de son mainate, son seul compagnon d'infortune. Les transformations physiques, de voix et de caractère du personnage sont saisissantes et malgré les grimaces et les gags qui s'enchaînent très rapidement, on finit par être touché et mal à l'aise face à ce pauvre petit professeur plein de tendresse qui n'a comme souhait que celui d'être respecté et aimé. Pourra- t-il y parvenir ? Pourquoi pas, les belles histoires se terminent souvent très bien...


Voici une œuvre extraordinaire, malheureusement trop peu diffusée, pleine de sensibilité, de charme et d'humour, du Jerry Lewis cousu main. Durant une dizaine d'année, cet acteur, gaffeur éternel, avait tourné avec Dean Martin, le séducteur, dans de nombreux petits bijoux réalisés par Frank Tashlin. A la suite d'une brouille avec son fidèle compagnon de tournage, le duo s'arrêta brusquement et Jerry Lewis décida de réaliser ses films lui-même. Pour un coup d'essai, ce fut un coup de maître. Même si certaines œuvres auxquelles il participa paraissent aujourd'hui quelque peu désuètes, elles n'en conservent pas moins beaucoup de charme, de drôlerie et de tendresse.


Lorsque vous verrez ce petit chef-d'œuvre, vous n'aurez qu'une envie : celle que notre séduisant et insolent Mister Love redevienne le tendre et timide Docteur Jerry. Courez vite voir ce film ou achetez le coffret des chefs-d'œuvre de Jerry Lewis, pour passer des soirées délirantes garanties.


- Jerry souffre-douleur :
http://www.senscritique.com/film/Jerry_Souffre_douleur/critique/22006223
- Le zinzin d'Hollywood :
http://www.senscritique.com/film/Le_Zinzin_d_Hollywood/critique/21682802
- Cendrillon aux grands pieds :
http://www.senscritique.com/film/Cendrillon_aux_grands_pieds/critique/23341900

Grard-Rocher
8
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Créée

le 2 janv. 2014

Modifiée

le 30 mars 2013

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