Et si les films de super héros se montraient sous un nouvel aspect ? C’est le pari que prennent les studios Marvel en décidant d’introduire dans le cinématographic universe le personnage de Doctor Strange, sorcier suprême ayant fait son apparition en 1968 sous la plume de Stan Lee. Doctor Strange, contrairement aux autres personnages de l’univers Marvel n’est pas un super héros avec des super pouvoirs. On a suivit ses enquêtes en tant que Sherlock Holmes, il nous a fait frémir en dragon Smaug dans le Hobbit, il a mit des bâtons dans les roues de Spock et du capitaine Kirk, Benedict Cumberbatch enfile la cape et l’amulette du docteur et fait son entrée dans la phase 3 du monde de Marvel. Renouveau pour les studios qui tournent en rond depuis quelques temps?


Pas de super pouvoirs mais de la super magie


Pour celles et ceux qui ne connaissent pas et découvrent le personnage pour la première fois dans ce film, Doctor Strange, c’est un monde mystique où nous apprenons l’existence du multivers (terres parallèles à la notre), de dimension noire où gouverne un terrible méchant portant le doux nom de Dormammu (attention au moment où vous verrez le personnage, sa participation est presque grotesque pour un antagoniste aussi puissant si ce n’est plus que Thanos, le super vilain qu’on voit dans pratiquement TOUTES les scènes post générique des films mais qui n’est toujours pas passé à l’action). La magie, les autres dimensions, ça ne parle pas à tout le monde, vous vous dites que vous allez être complètement largué et que donc, autant ne pas voir ce film. Pas de panique, le réalisateur a eu la gentillesse et générosité de tout nous expliquer dans les moindres détails (comment fonctionne la magie par exemple). C’est très bavard oui, mais pas pour rien.


La première chose que je me suis dite pendant et après la séance : c’est une vraie claque visuelle. Jamais on n’avait vu d’aussi beaux effets spéciaux dans un film de super héros (si si, moi-même en toute objectivité, je m’en rends compte). Un truc aussi tripant, on n’avait pas vu ça depuis Les gardiens de la galaxie. C’est détaillé, les effets spéciaux sont maitrisés, les idées sont brillantes, c’est original. Et pour le reste, c’est là qu’on déchante très vite. Ca fait trop Iron man, plutôt Tony Stark mais avec de la magie. Steven Strange, bien qu’étant lui un chirurgien, a la même répartie et personnalité que ce bon vieux milliardaire en armure. Arrogant, un égo surdimensionné, charmeur (sans collectionner les femmes), riche (faut voir sa collection de montres et sa belle Porsche), qui verra sa vie basculer totalement à cause d’un accident, va remettre un peu d’ordre dans sa manière de vivre et de penser, va obtenir des pouvoirs l’amenant à combattre par la suite le mal.


Batman + Tony Stark + magie = Doctor Strange ?


Le déroulement de l’intrigue est très sympa MAIS, tout comme la version comics, c’est calqué sur Batman, voir le film Batman Begins (vous savez ce long passage où Bruce Wayne se rend au Tibet pour s’entrainer aux arts martiaux, dominer ses peurs et revenir dans sa ville pour faire le ménage dans les rues où la criminalité règne. Pour Doctor Strange, c’est pratiquement la même chose à quelques détails près : Steven venait au départ en Himalaya pour trouver un traitement lui permettant d’exercer de nouveau en tant que chirurgien.


Le voila au final voir ses plans chamboulés, tout comme son destin bien plus héroïque et mystique. Car oui, Doctor Strange c’est LE premier film Marvel à voir son héros évoluer dans un monde surnaturel où la magie est une alliée importante (oui il y avait Thor mais c’est très différent). Que les non fan de Marvel, non fans de super héros soient plus ou moins rassurés, depuis la sortie de Captain America Civil War, Marvel a décidé de faire des films plus adultes et matures. Ici, nous sommes face à l’un des films de super héros les plus sombres des studios (Merci Batman V Superman honteusement critiqué). Malheureusement, le vieux démon humoristique made in Marvel plane encore au dessus de la tête de cette nouvelle œuvre censée prouver à ceux qui en ont ras le bol de ce genre, de découvrir quelque chose de différent. Bien que la première partie, sombre (mais colorée), adulte soit totalement réussie, il n’en sera pas de même pour la suite brisant tout nos espoirs.


Marvel, égal à lui-même


On pensait que la plaie des studios serait enfin cicatrisée…et bien non ! Alors que le film continuait à nous livrer une intrigue et des personnages profonds, l’humour, les punchlines (pendant les scènes d’action), la facilité scénaristique, l’acheminement Marvélien, reviennent de plus bel. L’humour sonne ici comme un élément « intrusif et perturbateur» cassant la dynamique et l’aura de ce film qui avait au départ l’intention de nous montrer que super héros ne veut pas dire humour. Bien que moins présent que dans tous les autres films, il est encore là. Oser tourner en dérision des personnages censés incarner la sagesse et l’humilité est une forme d’irrespect (oui je vais loin mais vous comprendrez en voyant le film). Je nommerai simplement la séquence « Shamballa » que vous avez pu découvrir à la fin de la bande annonce du film mais aussi ET SURTOUT la première apparition de la cape de lévitation (cape qui a une conscience et qui permet au docteur de voler) que porte notre héros. Plus parodique, tu meurs.


Rajoutons en prime des incohérences avec notamment cette bêtise sans nom de voir Strange maitriser beaucoup trop rapidement ses pouvoirs mystiques. Si vous avez vu la version animé sortie en 2007, vous verrez que l’entrainement de notre futur maitre sorcier suprême était bien plus long et exténuant. On ne devient pas sorcier en un claquement de doigts. Demandez à Harry Potter et ses 7 ans d’études. Steven lui arrive à maitriser complètement ses sorts en juste 1h30 de film (aller quelques semaines si on se fit au temps écoulé dans le film). Il en était de même pour le confort du personnage et aussi son passé tragique. Dans cette version filmique, la mort de sa sœur, tout comme cette dernière n’existe pas.


Point important et lui aussi survolé : la déchéance de Steven, ruiné à cause de ses nombreux voyages et opérations chirurgicales, et qui devient sdf. Il ira jusqu’à tenter de se suicider. Marvel oblige, on va éviter d’assombrir encore plus l’histoire avec ces éléments. L’écriture du scénario on s’en occupera donc à la dernière minute et on s’y attardera très peu, contrairement aux séries Marvel Netflix qui accordent une grande importance sur le travail des personnages et leur psychologie, des scénarios, des scènes d’action et des musiques. Si vous n’avez toujours pas commencé Daredevil (le meilleur), Jessica Jones (moyen mais original) et Luke Cage (bien foutu mais le héros charismatique fait presque de la figuration), il est grand temps pour vous de commencer et voir que le séries Marvel, c’est juste un plaisir pour les amateurs ou non de comics.


L’indigestion des super héros Marvel continue ?


Ce que veut le Marvel cinématographique univers, c’est vous en mettre plein la tête et plein les oreilles en pensant que vous ne prêterez pas attention au reste parce que c’est Marvel. Quelle drôle d’idée que de vous offrir plutôt une histoire complexe et développée. Les studios continuent de s’entêter, ne comprenant toujours pas que les comics sont au départ pour les adultes et non pour les enfants. Ils savent depuis des années que les fanas de ces films sont comme les amateurs de malbouffe qui se gavent sans se rendre compte qu’ils mangent mal.


Image donc originale mais le fond, les dialogues (bien que plus travaillés que tous les autres films) sont une fois encore totalement similaires à tout ce que Marvel nous a montré depuis son arrivée en grande pompe sur grand écran. Alors que Captain América Civil war n’osait pas tenter d’aller plus loin dans ses scènes, son intrigue et ses répliques, Doctor Strange, lui, se permet visuellement de nous offrir des séquences presque timbrées (les mauvaises langues vous diront qu’elles sont inspirées du film Inception), donnant l’impression que le spectateur a prit de l’acide avant la séance, sans s’en rendre compte. Le choix des couleurs, cette manière de déformer les décors en jouant avec la physique et le temps, permettant de découvrir, tout comme Steven Strange, que notre perception, notre vision du monde qui nous entoure est bien plus profonde que ce que l’on pensait. Les amateurs de sensation forte seront ravis. Ceux qui ont peur du vide et des envies de vomir en ayant la tête à l’envers…oubliez ce film.


Casting mal géré


Casting quatre étoiles pour notre film MAIS il y a un souci : on exploite trop mal les personnages campés par des acteurs et actrices talentueux. Le pauvre Mads Mikkelsen (de la série Hannibal Lecter) campant le rôle du méchant de l’histoire est juste méchant parce que…il veut devenir immortel (c’était soit ça ou conquérir le monde). L’acteur pourtant aussi exceptionnel que Bennedict Cumberbatch , méritait mieux. Un méchant léger. Aie.


Il en va de même pour Chiwetel Ejiofor que l’on a pu voir dans le dur « 12 years of slave ». Il fait le boulot mais manque lui aussi de consistance. De plus, le personnage qu’il incarne a lui aussi été travaillé d’une manière bien différente à sa version papier.


Quant à la ravissante Rachel McAdams (True Détective, Je te promets), son rôle en tant qu’amante de Steven (relation très ambigüe) et assistante est ridicule. Clairement, elle est juste là pour faire joli et être proche de notre héros quand il en aura besoin. Quel intérêt de réduire cette actrice si talentueuse à ce type de rôle? Aucun. Le plus triste dans cette histoire, elle ne sert à rien. Le stéréotype de la femme du héros.


HEUREUSEMENT, en plus d’un Benedict Cumberbatch grandiose et séducteur avec sa voix jazzy, un autre membre du cast créé la surprise : Tilda Swinton. Même si l’actrice ne lira surement pas cette critique, je m’excuse pour les aprioris non objectifs que j’ai pu avoir sur son rôle dans le film (j’ai toujours trouvé l’actrice d’une inexpressivité affligeante). Des (Tilda Swinton en mode kung fu ça va être ridicule), j’en ai sorti. L’actrice qui a rasée son crane est mythique, mystique. Remplie de sagesse, arborant par moments un sourire la rendant adorable (j’en reviens pas de dire ça), elle est juste culte malgré le fait que les séquences d’action la mettant en première ligne sont ou doublées, ou réalisées en CGI (effets numériques).


Prise de risques du coté des scènes d’action ?


Admettez-le, vous n’allez voir les Marvel que pour ça : les scènes d’action avec du fight, des musiques héroïques, des explosions et des effets spéciaux de dingue. Et bien vous en aurez pour votre argent. Quand je vous dis que ce film est visuellement une baffe, ce n’est pas des paroles en l’air. Il y a des combats dantesques (beaucoup d'arts martiaux, ça change) dont notamment une bagarre entre Benedict Cumberbatch et Scott Adkins (le nouveau Van Damme) ayant prit une forme astrale. Combat qui aura des répercussions dans le monde réel. C’est complètement fou, c’est sidérant et pour ça, j’applaudis les studios qui sont parvenu à faire mieux que la bataille d’Avengers premier du nom.


Pour les musiques signées Michael Giacchino, rien à dire, c’est très bon mais on les oublie vite. Pour ce qui est par contre du thème principal, vous le retiendrez longtemps. Il est à l’image du film : mystique avec un petit coté rétro original rare.


Au final, J’ai passé un bon moment avec Doctor Strange, j’ai été subjugué par les effets spéciaux, envouté un peu par l’histoire, et en même temps, ce n’est pas un film que je reverrai parce qu’il ressemble trop à ce que j’ai déjà vu. C’est une claque visuelle oui, mais ça n’apporte rien de nouveau dans la firme continuant à nous offrir le même plat indigeste scénaristiquement. L’humour qui débarque comme un cheveu sur la soupe n’arrangera pas les choses alors qu’au départ l’originalité et l’ambiance nous donnaient un semblant d’espoir. Hormis cela, le jeu d’acteurs (Benedict Cumberbatch en tête) et le rythme sont impeccables, les musiques dont le thème du film parfaites, les scènes d’action et effets spéciaux somptueux nous laissant scotché à notre siège, ainsi qu’un travail sur les décors et costumes impressionnants. A voir sur grand écran au moins pour ses plans à la fois magiques et surnaturels. Prochain sorties ciné Marvel: Les gardiens de la galaxie 2 qui reviennent en Avril 2017.

Jay77
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le 3 nov. 2016

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