Quand on regarde la filmographie de Jamie Luk, on retient surtout le portnawesque Robotrix (1991), un gros et joyeux fourre-tout bis au possible typique de ce genre de production déjanté qui a vu le jour à Hong-Kong à cette période. Réalisé un an avant, et même s'il est tout de même beaucoup moins « fou », Doctor Vampire reste quand même une peloche bien barrée, mêlant comédie, action, fantastique, vampires, magie, opéra chinois, gags bien cons et même un peu de kung-fu (si si, tout en même temps), le tout saupoudré d'une bonne humeur ambiante qui fait franchement plaisir à voir.

L'histoire est dès les premières minutes complètement ridicule avec un Bowie Lam qui tombe en panne de voiture et qui comme par hasard va chercher de l'aide dans un château / bar tenu par un vampire occidental à la crinière blonde improbable, digne de Gary Daniels de la belle époque (si si, souvenez vous, dans Niki Larson...), cabotinant et gesticulant comme jamais, et qui va ordonner à une de ses vampires d'aller chercher à Hong-Kong notre héros, retourné là bas entre temps sans se poser de questions sur le pourquoi il avait été mordu à l'entrejambe, parce que son sang à un merveilleux gout de Ginseng... Et pendant ce temps, Bowie Lam va peu à peu se changer en vampire.
C'est d'ailleurs sur cet aspect là que Doctor Vampire mise toute une bonne partie de son humour. Le héros se découvre vampire avec tout ce que cela engendre. Autant certaines comédies HK peuvent être bien lourdes, autant ici, rares sont les gags qui tombent à plat, ils arrivent même à faire rire à gorge déployée tant c'est parfois complètement gros et con comme cette scène où lors d'un transfert de sang, un cadavre se relève en vampire assoiffé de... sexe, armé d'une érection à en faire pâlir Rocco Siffredi, et qui va chercher par tous les moyens à assouvir ses pulsions, focalisant les fessiers des demoiselles qu'il croise. Enorme. Citons également les trois scènes impliquant le toujours excellent Shin Fui-On, ici chef d'une triade très énervé et gesticulant lui aussi, faisant des séjours à l'hosto où on l'opère après des diagnostics foireux (un mal à la tête qui engendre une appendicite) et qui va finir circoncis par erreur.

Ces scènes complètements cons et hautement réussies parsèment toute la première heure de Doctor Vampire, plutôt calme en termes d'action au demeurant mais nous amènent tranquillement, sans aucun ennui, à un final de plus de 20 minutes complètement déjanté (et le mot est faible) où le personnage de Bowie Lam et ses deux meilleurs amis vont se la jouer commandos, armés de seringues géantes remplies de produits toxiques, vont partir à la chasse au vampire. Au programme, un prêtre taôiste armé de son épée et de son costume jaune, une vampire à la grosse poitrine dont les seins vont plusieurs fois faire office de brochette, une course poursuite dans les couloirs de l'hopital, des généraux chinois de l'opéra, une statue de Buddha énervée, des combats relativement bien troussés, le tout agrémenté d'effets spéciaux grattés à même la pellicule typiques de ce genre de production donc un combat de rayons lasers du plus bel effet (hum...). Vingt minutes de pure bisserie, un joyeux bordel bandant au possible (si si, comme le vampire cité plus haut) sans aucun temps mort. On est même surpris de l'efficacité de cette dernière demi-heure et on aurait franchement eu envie qu'elle dure 20 minutes de plus.

Alors c'est sur, le film est loin d'être parfait, la réalisation en elle-même reste quelconque avec une photographie moyenne, quelques cadrage pas très heureux et une bande originale pas très réussie. Mais tout de même, Doctor Vampire nous rappelle que même 20 après, le cheap et le kitch HK arrive encore à surprendre et ce de bien belle manière.
Fleurant parfois avec le cat III (quelques effets gores, une scène érotique), Jamie Luk réalise ici un excellent divertissement qui passe comme une lettre à la poste et qui nous donne le sourire aux lèvres pendant 1h30, enchainant les gags réussis jusqu'au long final magnifique, qui mérite à lui seul la vision du film. Une excellente surprise !
cherycok
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 27 nov. 2011

Critique lue 408 fois

2 j'aime

1 commentaire

cherycok

Écrit par

Critique lue 408 fois

2
1

Du même critique

Journey to the West: Conquering the Demons
cherycok
7

Critique de Journey to the West: Conquering the Demons par cherycok

Cela faisait plus de quatre ans que Stephen Chow avait quasi complètement disparu des écrans, aussi bien en tant qu’acteur que réalisateur. Quatre ans que ses fans attendaient avec impatience son...

le 25 févr. 2013

18 j'aime

9

Barbaque
cherycok
4

The Untold Story

Très hypé par la bande annonce qui annonçait une comédie française sortant des sentiers battus, avec un humour noir, méchant, caustique, et même un côté gore et politiquement incorrect, Barbaque...

le 31 janv. 2022

17 j'aime

Avengement
cherycok
7

Critique de Avengement par cherycok

Ceux qui suivent un peu l’actualité de la série B d’action bien burnée, savent que Scott Adkins est depuis quelques années la nouvelle coqueluche des réalisateurs de ce genre de bobines. Mis sur le...

le 3 juil. 2019

17 j'aime

1