Agréablement surpris, ne sachant pas trop à quoi m'attendre avec un sujet tel que l'incarcération des mineurs aux USA entre les mains de Kim Chapiron. Il aurait été facile de tomber dans le pathos en montrant la descente aux enfers de trois ados condamnés (à juste titre) à passer quelques mois dans un centre de détention pour mineurs de moins de 19 ans.
De l'émotion, il y en a mais elle évite les plus gros écueils... grâce surtout à l'interprétation exceptionnelle d'Adam Butcher. Il incarne de façon assez effrayante Butch, sa rage bouillonnante, ses accès de haine qui le transforment en véritable animal (le fameux chien du chenil en référence au titre) mais aussi dans sa tendresse et sa fidélité à ses compagnons d'infortune. Très inquiétant comme personnage, avec finalement pas mal de subtilité.
Pour le reste, au niveau de l'ambiance, on est plus proche de "Full Metal Jacket" que des "films de prison", et pour cause, les taulards sont mineurs. On est loin des reportages de Bernard "La Mêche" Delavillardière, ici les matons sont humains et pensent au bien être de leurs pensionnaires (à qui ils parlent avec respect, pas d'aboiements mongoloïdes de sergent instructeur consanguin). Comme d'habitude, le mal vient de ses codétenus, les plus forts faisant évidemment régner leur loi arbitraire sur tous les nouveaux. On fait comme les grands (gangs mis à part) : lynchage, coups de couteaux, viol, racket, deal, humiliations... C'est dégueulasse et la loi du silence est respectée.
Quant à la position des scénaristes (Chapiron et Delon) sur le sujet, on ne sait pas exactement où les positionner, on a beau avoir quelque chose de brutal devant les yeux, avec des vrais morceaux d'émotion dedans et pourtant, on ne sait pas bien où ils ont voulu en venir. Un peu comme Kourtrajmé a eu à défendre le clip de Justice "Stress".
Ils refusent de faire de leurs ados des victimes : ils sont tous coupables en arrivant; Butch a de sérieux problèmes psychologiques, Davis est une crevure (la première scène du film m'a rappelé celle de "Kids", je ne sais pas si c'est volontaire)... Ils refusent aussi d'accabler le personnel pénitentiaire (malgré le tournant de la fin du film) et son système (manque de moyens ?). C'est assez flou... C'est la faute à pas de chance ? Z'avaient qu'à pas faire les cons ? Si tu sors du rang, tu mangeras gros sur ta gueule et tu l'auras bien cherché ? La prison est une machine à broyer et ce, dès le plus jeune âge. Ok. Très bien.
Peut être que je dois y réfléchir un peu plus, prendre du recul.
En tout cas, Chapiron a fait du bon boulot : il dirige superbement ses acteurs (Adam Butcher une fois encore), il plante son ambiance dès les premières minutes du film sans jamais la lâcher et force est de reconnaitre que ça a fonctionné sur moi. Du bon boulot.