Des tranches de la vie quotidienne de trois détenus dans une prison pour mineurs : Kim Chapiron, réalisateur plutôt habitué à en faire des tonnes (ah, "Sheitan" !…), a-t-il voulu prendre le contre-pied de son sujet en misant sur la subtilité ? Un peu comme quand Maupassant écrivait de la poésie. Ou comme si Mathieu Valbuena essayait de jouer arrière central. Ou Haneke s’essayant à tourner "Expendables IV". Bref, ça ne lui convient pas : en évitant le tape-à-l’œil, il a simplement fait dans l’ennuyeux.
Mise en scène plan-plan, photographie plan-plan, scénario plan-plan — une encyclopédie en ligne m’indique que son écriture a pris deux ans, il m’en faudra bien moins pour l’oublier. Le jeu des acteurs est plan-plan — traverser un film bouche entrouverte et yeux écarquillés, c’est cela une performance d’acteur ? Même le message, s’il y en a un, est plan-plan — "la prison comme terreau de la violence", tout ça.
Les dix premières et les dix dernières minutes valent le coup d’œil. Pour le reste, on appuiera sur "Avance rapide" et on regardera pendant ce temps un documentaire sur la vie des agoutis ou des flamants roses, aussi palpitante filmée de cette manière que celle de nos trois larrons.