Dog Pound
7.4
Dog Pound

Film de Kim Chapiron (2010)

// Quelques spoils présents - ATTENTION //

Une claque. Magistrale.

Une claque car j'en ai vu des films et des séries sur la prison, et il en faut plus que ça pour me toucher ou me surprendre.

Dans Dog Pound, on est pas forcément surpris. Par contre, on est touché. Impossible de rester de marbre. Une femme a même quitté la séance.

L'histoire de Dog Pound repose sur quelques lignes : 3 adolescents sont envoyés en prison correctionnelle pour divers méfaits (vente de drogue, agression d'un maton et vol de voiture avec violence).
Butch, Davis et Angel se retrouvent dans une véritable fourrière (Dog Pound en anglais), on le comprend dès le début. Dès les premiers regards, dès le premier dialogue entre Banks et Davis.

Je m'attendais à un peu de violence, mais pas à ça. Seulement interdit aux moins de 12 ans, je l'aurais bien mis dans la catégorie 16. Car quand ça tape dans Dog Pound, ça tape. Les bruits sourds des coups de poing dans le ventre, le son creux que fait la tasse en céramique qui se fracasse sur le crâne, le craquement sec de l'os qui se brise. Même avec la climatisation du cinéma, la haine et la violence des scènes m'ont mis dans un état proche de la fièvre. Cela faisait longtemps que des scènes de ce style ne m'avaient pas autant pris aux tripes.

Mais la violence n'est que la couche du dessus de Dog Pound. Kim Chapiron va plus loin, nous pousse à nous demander comment on peut en arriver là. Comment en vient-on à détruire ses propres compagnons à force d'être enfermé, de tourner en rond et de vivre à proximité des mêmes gens ?

Le personnage principal de ce film, c'est Butch, celui qui va monter en puissance, sans jamais révéler son histoire personnelle. L'acteur qui joue son rôle, Adam Butcher, mérite un certain respect pour sa prestation plus que troublante et réaliste. La rage bouillonne, on le voit quand les matons lui mettent la pression, quand la cantine entière hurle et que lui tente de se contrôler en pensant à sa sortie qui se rapproche.

Mais l'inévitable est là, chaque acte de violence est réprimé par un autre acte. La boucle ne se bouclera qu'avec la mort. Et la mort ne vient pas forcément de là où on l'attend.

DEAD ! DEAD ! DEAD ! DEAD ! DEAD !

Une scène finale comme jamais on aurait pu l'imaginer. Une cantine sous pression, des matons qui paniquent et toute la haine, la rage et la violence contenues dans chacune de ces pauvres âmes perdues se déverse à la vitesse d'un barrage qui aurait cédé sous trop de pression.

Arrive l'ultime plan, celui où Butch prend une décision dans la continuité de ce qu'il a toujours été, un esprit instinctif et résigné. A l'air libre, on respire, tout comme lui, on y croit à cette liberté. L'instant ne dure que quelques secondes, mais bon Dieu, on redescend sur terre aussi vite qu'on s'était oublié. Dans un dernier mouvement, la porte claque. Ultime geste qui nous permet de déconnecter sans jamais arriver à nous faire oublier ce que l'on vient de vivre.

Dog Pound c'est ça, des moments de flottement où on est corps et âmes avec ces gosses (la scène ou Davis raconte son fantasme est géniale et nous offre une déconnexion plus que bienvenue) et des moments de pure détresse dans lesquels on se perd tout entier, la haine montant en nous et nous permettant de nous rendre compte que nous ne serions pas mieux qu'eux.

Des corps d'adolescents habités par des âmes brisées et un passé difficile s'entrechoquent sous nos yeux. Jamais l'idée de la rédemption n'est évoquée.

Je crois que la prison est un purgatoire qui ne dirige que vers l'enfer. Les rebuts de l'humanité y séjournent, tantôt vivants et pleins d'espoir, mais la plupart du temps : violents, incontrôlables et surtout coincés par l'injustice de la vie.
artificier
9
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le 13 févr. 2011

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artificier

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