Même si j'avais été un peu déçu par « Gomorra » (sans doute trop de critiques dithyrambiques), j'apprécie Matteo Garrone, dont le « Tale of Tales » m'avait notamment grandement séduit. Bon, ici, on est nettement plus proche du premier nommé que du second, ce qui n'est pas un reproche, loin de là. Alors c'est sûr que cette histoire est franchement particulière et très peu aimable, que tous ces personnages n'ont rien de bien sympathique (hormis, un peu, le héros et surtout sa fille)... Mais franchement, niveau cinéma, c'est quand même vraiment pas mal.


D'abord, il y a cette exploitation MA-GIS-TRA-LE du décor qui rejoint d'emblée le top 10 des pires quartiers de l'Histoire du cinéma : plus déprimant, tu crèves direct. Le réalisateur en fait quelque chose d'anxiogène, sale, parfaitement adapté au ton et à l'ambiance qu'il souhaite donner à son œuvre. Ensuite, il y a cette histoire de harcèlement, au départ vaguement discret, se faisant ensuite incessant. Cela a beau être cruel, le discours est très pertinent : parfois, on a beau n'y être absolument pour rien, on se retrouve dans une merde profonde sans avoir fait quoi que ce soit de travers : juste un karma bien pourri.


C'est exactement ce à quoi doit faire face notre héros vis-à-vis d'une des brutes les plus épaisses et stupides vues ces dernières années, preuve que pourrir la vie des gens peut être parfois un art à part entière. C'est cette lente descente aux Enfers qui est décrite avec beaucoup de précision, à l'image d'un scénario bien construit malgré un rythme assez particulier. Une « vraie-fausse » histoire de vengeance presque par « défaut » pour une œuvre étrangement séduisante, réalisé avec beaucoup de talent et porté par un comédien remarquable : Marcello Fonte, que j'espère revoir souvent désormais. Alors tant pis pour les légères longueurs, notamment lors d'un avant-dernier plan assez « poseur » : « Dogman », c'est du vrai cinéma, pouvant être vu comme une réponse à la crise que traverse actuellement l'Italie : l'un des titres marquants de cette année 2018.

Caine78
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2018 et Les meilleurs méchants de 2018

Créée

le 10 sept. 2018

Critique lue 209 fois

3 j'aime

Caine78

Écrit par

Critique lue 209 fois

3

D'autres avis sur Dogman

Dogman
guyness
8

Echec et meute

L'être humain est, avant toute autre chose, un animal social. Mais comme il aime plus que tout se raconter de réconfortants mensonges, il fait tout ce qui est son pouvoir pour l'oublier, et feint de...

le 22 nov. 2018

52 j'aime

10

Dogman
Okilebo
8

Quelle vie de chien !

On ne peut pas le nier, depuis quelques années et malgré de nombreux prix et nominations, le cinéma italien se fait discret. Pourtant, je pense que le talent est toujours bien présent mais celui-ci...

le 8 janv. 2019

37 j'aime

38

Dogman
pphf
7

Chemin de croix

Un prologue en trompe-l’œil. Avec en gros plan, puis en très gros plan, la tête énorme et blanche d’un molosse, la gueule ouverte, des crocs terrifiants – et la peur qui va glacer le spectateur,...

Par

le 1 août 2018

36 j'aime

17

Du même critique

Enquête sur un scandale d'État
Caine78
2

Enquête sur un scandale cinématographique ?

Thierry de Peretti est un réalisateur doté d'une bonne réputation, notamment grâce à « Une vie violente », particulièrement apprécié à sa sortie. J'y allais donc plutôt confiant, d'autant que le...

le 20 août 2022

32 j'aime

8

Mourir peut attendre
Caine78
4

Attente meurtri(ère)

Cinq ans d'attente, avant que la crise sanitaire prolonge d'une nouvelle année et demie la sortie de ce 25ème opus, accentuant une attente déjà immense due, bien sûr, à la dernière de Daniel Craig...

le 7 nov. 2021

27 j'aime

31

Dune
Caine78
7

La Grande Aventure Leto

Cela restera une vraie question pour moi : ai-je eu raison de revoir la version de David Lynch seulement quelques jours avant celle de Denis Villeneuve ? Ce qui me semblait être une bonne idée sur le...

le 3 oct. 2021

22 j'aime

15