Amazing Grace
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Le seul Von Trier qui trouve vraiment grâce à mes yeux. Dans tous ses autres films, Lars balance des tonnes d’effets, et tire des ficelles tellement grosses, (sûrement pour impressionner), que ça m’a toujours laissé froid, froid comme un poisson dans de l’eau douce. Ici, il lui arrive un truc, qu’il n’a peut-être pas prévu. Et ce n’est pas que le décor qui est pour le moins original, c’est autre chose. On est coincés sur une scène dans ce film. Décor de théâtre (?) Pas sûr que se soit une scène de théâtre, c’est très grand. Je dirai un grand hangar aménagé avec soin. Résultat, on a une unité de lieu absolue, l’unité de temps, c’est autre chose. Et c’est une bonne chose, cette unité de lieu. Ce dispositif très contraignant oblige Lars à se concentrer sur l’essentiel, enfin ! L’histoire qu’il raconte, il la raconte jusqu’au bout. Les idées qu’il développe, les acteurs qu’il dirige, la curiosité de son regard de danois sur l’Amérique, (l’histoire se passe aux USA durant la Grande Dépression). Le dispositif original et simplissime, rend l’histoire universelle, c’est bien évidemment voulut. Le postulat ? Il est encore plus simple. Chaque homme est un chien, homme étant vu au sens générique, évidemment. Comme d’hab, Lars n’y va pas avec le dos de la cuillère. Pour une fois, je marche à fond. Comment ne pas, avec une Nicole Kidman aussi peu glamour que lumineuse ? Un Paul Bettany, très bon en petit hypocrite, amoureux, et idéaliste. Le casting est de choix. Lauren Bacall, Stellar Skarsgard, qui tous doivent avant tout compter sur leur métier d’acteurs, et ont des rôles difficiles de lâches, de manipulateurs…
Très peu d’artifice, un décor vide sur lequel beaucoup de spectateurs vont s’arrêter, s’extasier, ou rejeter, schématique comme sur un tableau noir, on doit se contenter de peu, et deviner le reste. Comme d’hab, Lars cherche à créer le débat, ça ne ratera pas cette fois-ci, et pour une fois, je suis de son côté. Ce décor d’un « silence » hermétique, qui laisse la voie libre au jeu, et comme il a écrit une histoire qui a un début, un milieu, un climax, et une fin, a défaut de progresser, elle avance quand même, et de façon inexorable, on a un régal à l’écran. L’histoire est pessimiste, c’est son habitude, la narration est beaucoup plus « classique », ce qui pour lui est une originalité, puisque d'habitude il ne fait jamais rien comme tout le monde. La montée en puissance, le crescendo dans l’horreur, et la catastrophe finale qui va frapper comme une libération, pour nous spectateurs, tout y est. Le mal à l’œuvre dans les passions humaines. La corruption inhérente à toute action humaine. On n’est pas obligé de partager son avis, mais une chose est sûre, la démonstration est sans faille. Pour une fois j’ai « compris » ses dialogues, pourtant aussi longs et alambiqués que d’habitude. Unité d’action. Ça doit être pour ça. C’est comme au théâtre, sans en être. Le vrai théâtre, c’est à l’intérieur, avec l’expression à nue des sentiments, passions, parfois nobles au départ, et toujours perverties à l’arrivée. Comme tout le monde le sera, sali, avili, comme la poupée blonde sera pervertie elle aussi, une poupée longiligne en manteau de fourrure, trop sage pour être sage... à voir.
Pour voir Nicole Kidman, dans l’une de ses meilleures prestations, fille de gangster, égarée dans une communauté dont elle ne connaît rien, elle va devenir membre, puis victime, puis esclave de cette société en miniature, grégaire, et abrutie par la pauvreté, l’isolement, la misère morale. Elle m’a étonnée, Nicole. Skarsgard, inquiétant comme il sait l’être… Paul Bettany, excellent en hypocrite de service, il va la sacrifier comme les autres, sans même lui jeter un regard. Un bel enfoiré quand même ! Chaque homme est un chien. Un bon Von Trier, même très bon. Et un générique de fin, très optimiste, malgré les apparences. Le seul problème, c’est que Lars a voulut à tout prix réaliser une suite. Mal lui en a pris. Il l’a appelée Manderlay.
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Créée
le 28 avr. 2015
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