L'idée de base, tirée d'une histoire aussi véridique qu'invraisemblable, était plutôt bonne : Domino Harvey, l'ex-mannequin devenue chasseuse de prime, est un sujet explosif, un thème bourrin et violent que Tony Scott pouvait gérer les doigts dans le nez. Mais entre le biopic romancé et le film d'action pétaradant, le réalisateur anglais ne sait pas vraiment où aller et se prend un peu les pieds dans les plats. Car outre sa mise en scène comme d'habitude clippesque (voire ici un peu trop), des baisses de rythme en pagaille et des effets de style trop nombreux donnent l'impression de voir un clip de deux heures muni de quelques dialogues plutôt qu'un véritable long-métrage d'action réfléchi.
Image jaunie et saturée , montage épileptique, surdécoupage des scènes et chronologie discontinue à la Tarantino... Tony Scott veut en mettre indéniablement plein la vue. Niveau casting, il choisit du lourd : Keira Knightley, cheveux courts, tatouages et fringues crados, casse avec brio son image en incarnant cette bad girl atypique tandis que l'oublié Mickey Rourke fait un retour fracassant aux côtés du méconnu Édgar Ramírez (une véritable révélation). Pour le reste, nous avons droit au fidèle Christopher Walken, toujours aussi bienvenu, Lucy Liu et même des guest stars inattendues au rôle finalement primordial à l'histoire...
Mais le film est long, trop long et, arrivé à la moitié du métrage, on commence à décrocher. De plus, bon nombre de scènes inutiles viennent également alourdir le métrage de longueurs malvenues comme la séquence avec les latinos, sexy mais vaine, ou encore la scène d'amour entre Domino et son comparse Choco. Ainsi, à trop vouloir en faire et en délaissant très souvent un scénario pourtant excellent (signé par le brillant Richard Kelly), Tony Scott ne remplit pas toutes les parts du contrat, son 13e long-métrage restant tout au plus un bon petit spectacle aussi inégal que parfois spectaculaire.