On sentait déjà, dans Une femme douce, le plaisir qu’avait Sergei Loznitsa de mettre en scène de petites histoires parallèles, en apparence déconnectées de sa trame principale, alors concentrée sur les pérégrinations kakfaïennes d’une jeune femme bafouée, en quête de son mari retenu en prison. Celles-ci se dissimulaient dans l’arrière-plan, se planquaient sur le bas-côté ou ne duraient que le temps de quelques dialogues délirants. On y sentait aussi son goût inhérent pour la farce politique : dans Une femme douce, Loznitsa s’amusait à exacerber les contradictions et les exubérances d’un système bureaucratique sans fin.
Tout est, dans Donbass, de nouveau d’actualité. La farce comme les aspirations chorales y sont d’ailleurs amplifiées, étirées au sein des blocs narratifs distincts qui composent le film. Mais ceci à la différence près que Loznitsa laisse ici libre cours à des déambulations et relie ses différentes digressions narratives par des éléments que l’on pensait pourtant, lors de la scène précédente, anodins et anecdotiques. Des chutes d’obus nous mènent, par exemple, au groupe de militaires qui viennent de les tirer. Ou un reportage journalistique nous dirige, par a vers le quotidien de rescapés qui se terrent dans des taudis délabrés, au sein desquels passent, en fond, les images télévisuelles du sujet dont on a pu voir précédemment toute la mise en scène.
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