Chacun de nous a de bonnes raisons d'aller s'enfermer un moment dans une salle obscure en immersion dans une vie qui n'est pas vraiment la sienne. L'essentiel est que nous retirions de ce moment si singulier un authentique plaisir, une sorte de repositionnement et une espèce de plénitude. Parfois le miracle ne s'accomplit pas. Parce que l'histoire ou la manière de la raconter ne permet pas cette immersion et l' identification qui en découle. Parce que simplement ce n'était pas le jour et même notre meilleure volonté empêche la magie d'opérer. Parfois le miracle est hors d'atteinte parce que le film n'est vraiment pas bon et flirte même avec l'échec ; cela peut arriver.


Je pense parfois à un bref dialogue dans "La Bonne Année" de Claude Lelouch, quand lors d'un dîner un convive bouffi de suffisance pose la question : « Comment faites-vous pour choisir un film ? », Lino Ventura répond à son interlocuteur : « Comme quand je choisis une femme, en prenant des risques ». J'en ai retenu que juger d'un film exige que nous acceptions une forme d'humilité et parfois de faire la part des choses. Ce qui ne signifie pas que l'heure est venue de baisser la garde et d'accepter n'importe quoi et de confondre vessie et lanterne.


Je suis allé voir "Donne-moi des ailes" de Nicolas Vanier. En parfaite connaissance de cause et sans en attendre ce que le film ne m'a d'ailleurs pas apporté. Conrad Lorenz avait étudié de près l'imprégnation connue depuis toujours par les éleveurs de volailles. Elle est un comportement d'attachement filial de l'individu jeune à l'égard d'une personne ou même d'un objet inerte avec lesquels il a été mis en contact dès sa naissance. En l'occurence ce sont des jeunes oies qui sont les vedettes du film.


Il ne s'agit pas d'un film éthologique ou écologique à proprement parlé mais de la mise en scène d'une aimable romance sur fond naturaliste dans de beaux paysages camarguais et norvégiens. "Donne-moi des ailes" est à l'image des paysages dans lesquels il est tourné, il est paisible, apaisant et d'un bel optimisme. Entre deux contrariétés ou pour nous permettre de prendre un peu de recul par rapport à une préoccupation devenue trop prégnante, il peut être un sas ou un moment de respiration salutaire.

Freddy-Klein
5
Écrit par

Créée

le 6 nov. 2019

Critique lue 301 fois

Freddy Klein

Écrit par

Critique lue 301 fois

D'autres avis sur Donne-moi des ailes

Donne-moi des ailes
Behind_the_Mask
7

S'envoler sans Red Bull : est-ce possible ?

Donne-Moi des Ailes semble être cloué au sol le temps de ses premières minutes avec ses conceptions du monde d'un autre âge. En effet, l'administration se montre sous son meilleur jour, du genre bien...

le 19 oct. 2019

11 j'aime

Donne-moi des ailes
ChatonMarmot
1

Cette année, pas de foie gras au nouvel an

Grâce à ce film édifiant, j'ai appris que les jeux video ça va un moment, mais que pour cesser d'être un puceau il fallait jouer la carte aventurier. Il suffit d'un père qui vit dans un marais, qui...

le 3 nov. 2019

9 j'aime

11

Donne-moi des ailes
trevorReznik
3

Critique de Donne-moi des ailes par trevorReznik

Ça démarre pas trop mal pour devenir très rapidement insupportable : au lieu d'exploiter fidèlement l'histoire vraie qui a inspirée le film (et qui est assez exceptionnelle) Nicolas Vannier surcharge...

le 13 févr. 2020

8 j'aime

Du même critique

Papicha
Freddy-Klein
9

Critique de Papicha par Freddy Klein

Les mustangs sont indomptables. Nedjma, 18 ans, étudiante, se faufile le soir à travers le grillage qui entoure sa cité universitaire. Elle rejoint une amie pour se rendre dans une discothèque huppée...

le 24 mars 2023

42 j'aime

6

L'Appel de la forêt
Freddy-Klein
1

Critique de L'Appel de la forêt par Freddy Klein

Quand l'écran s'est éteint et quand la lumière est revenue, j'ai vu au fond de la salle Jack London adossé à un mur. Son beau sourire n'illuminait plus son visage et je vis une larme couler sur sa...

le 20 févr. 2020

27 j'aime

7

Antoinette dans les Cévennes
Freddy-Klein
9

Critique de Antoinette dans les Cévennes par Freddy Klein

Je m'appelle Patrick, je suis dans la fleur de l'âge et toujours d'une grande disponibilité pour qui sait me parler et me prêter un peu d'attention. Ames solitaires et surtout sensibles, chaque...

le 20 sept. 2020

17 j'aime

6