Donnie Darko est un film à théories, un film à taper "Donnie Darko explained" dans google la nuit. On sur-interprète et contre-analyse trop fréquemment la timeline et les détails narratifs de ce genre d'intrigues complexes pour en oublier ce qu'il est vraiment.


Donnie Darko est un film fort et terriblement pertinent sur l'adolescence, son sentiment de décalage permanent vis-à-vis du reste du monde et donc de solitude inouïe. En s'appuyant sur une schizophrénie fantasmée, l'intrigue donne à son héros la volonté d'assouvir des pulsions et de déclencher son destin. Sur une temporalité contrainte par un compte à rebours, le film ouvre une métaphore évidente sur la question existentielle au centre de la fin de l'enfance : Vais-je devenir ce que je dois devenir ou est-ce que je peux le changer ? Un question intime pour le réalisateur qui place le récit en 1988 soit pendant son adolescence, ce qui n'est certainement pas un hasard.


Avec un scenario minutieux autour d'éléments à priori discordants comme un voyage dans le temps, un lapin imaginaire (?), un réacteur d'avion et un prêcheur du développement personnel, Kelly développe une intrigue dense et qui multiplient les imbrications, les McGuffin volontairement grossiers (normal, c'est le destin), les clins d'œil et les fausses pistes. On peut dire que tout se tient, alors que c'était loin d'être évident. Mais on peut aussi regretter le développement à peine amorcé de certains personnages comme celui de Drew Barrymore en prof renégate de son institution conservatrice.


La critique du conservatisme de l'Amérique pavillonnaire et bourgeoise de la fin des années 1980 est d'ailleurs centrale dans le film, tout comme la relation ambigüe qu'entretient Donnie avec Dieu, ses parents et toutes les figures d'autorité du film.


Une œuvre marquante pour une génération, par le plaisir que sa complexité confère, par l'universalité de son ressenti et par la réussite évidente de sa mise en scène qui rendent hommage aux pires moments de notre adolescence, ceux qui nous ont fait.

Mafelele
8
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le 24 déc. 2020

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Antoine Maf

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